Ceci est la transcription textuelle de l’épisode n° 18 du podcast « Réserve Créative » disponible sur votre plateforme d’écoute préférée.

Épisode enregistré le 25/09/2023 et diffusé le 30/11/2023.

Introduction

— Laurent : Parce qu’on est toutes et tous créatifs à notre façon, Réserve créative questionne la notion de créativité et explore la diversité créative. Hello, je suis Laurent, et ce podcast est ma quête pour comprendre ce qu’est la créativité.

Aujourd’hui, je te fais découvrir Laëtitia Gillard. Depuis toute petite, Laëtitia baigne dans la marmite de la créativité. Issue d’une famille d’artistes, elle a longtemps été prof d’arts plastiques avant de devoir se réinventer à la suite d’un déménagement.

Dans cet épisode, on aborde ces sujets : pourquoi elle rejette l’expression « cours d’arts plastiques » et lui préfère « cours de créativité », sa vision de la créativité, bien sûr, son enfance créative et la place qu’elle laisse à la créativité dans l’éducation de ses enfants, ce que les enfants peuvent nous apprendre sur la créativité, sa peur profonde de perdre sa créativité, mais aussi l’impact de ses multiples déménagements et changements de vie sur sa créativité, enfin, comment elle a su la réinventer à chaque fois. Enfin, on parle des Parenthèses récréatives qu’elle organise chez elle, en Espagne.

C’est un épisode très riche : la créativité occupe une telle place dans la vie de Laetitia qu’il ne pouvait en être autrement.

Portrait de Laëtitia Gillard

Les partenaires

Présentation de Laetitia

— Laurent : Salut Laëtitia, bienvenue dans le podcast.

— Laëtitia : Hello ! Merci, je suis ravie d’être là avec toi, et avec tout le monde.

— Laurent : Comment se porte ta créativité en ce moment ?

— Laëtitia : Elle se porte plutôt bien. En ce moment, j’essaie de remettre un peu les choses à plat, c’est plutôt une période d’émulation.

— Laurent : Qu’est-ce que tu réponds quand on te demande ce que tu fais dans la vie ?

— Laëtitia : Déjà, je suis maman de trois enfants : c’est le plus gros job, à plein temps.

Actuellement, je travaille en ligne, plutôt dans l’assistance virtuelle. À côté de ça, j’essaie d’explorer mes passions, mes envies. Je me laisse aussi surprendre par la vie, je m’écoute et j’essaie d’optimiser mon temps. Je n’aime pas trop ce mot, disons plutôt que j’essaie de vivre pleinement.

— Laurent : Vaste programme 🙂 Vivre pleinement, ça se matérialise comment ?

— Laëtitia : J’aime pouvoir me dire, à la fin de ma journée, que j’ai réussi à faire ce que je voulais. Je m’efforce d’avoir des journées assez riches, assez pleines.

Une journée durant laquelle je suis restée devant l’ordinateur à travailler n’est pas une journée très réussie, pour moi. J’apprécie aussi vivre des moments en famille, des moments de créativité, des moments pour moi, être en mouvement aussi. C’est important de bouger. J’essaie d’harmoniser tout ça pour atteindre un certain équilibre.

Son parcours

— Laurent : Pendant plusieurs années, tu as été prof d’arts plastiques, même si je sais que tu n’aimes pas trop ce terme. Qu’est-ce qui t’avait poussée vers ce métier ?

— Laëtitia : En première, j’ai suivi l’option arts plastiques, et ça m’a beaucoup plu. Ma maman est artiste, donc j’avais déjà cette sensibilité, grâceà une éducation tournée vers l’art, la créativité.

J’ai fait un bac littéraire, puis je me suis demandé quoi faire. J’aimais la littérature, l’art… Je me suis orientée vers une fac d’arts plastiques. C’était davantage une envie instinctive qu’un plan déterminé. Je n’avais pas vraiment de stratégie de vie 🙂

Je me suis plutôt laissée porter. Durant la fac, j’ai étudié une année de Licence aux Beaux-arts de Palerme, en Sicile.

Ensuite, j’ai passé le CAPES d’arts plastiques pour pouvoir enseigner dans les collèges et les lycées publics, ce que j’ai fait pendant une dizaine d’années.

Arts plastiques vs créativité

— Laurent : Lors de nos discussions pour préparer l’épisode, tu me disais que tu n’aimes pas ce terme : « prof d’arts plastiques ».

— Laëtitia : En effet.

Dans la manière dont on amenait les choses aux élèves et dans la façon dont j’avais envie qu’ils s’expriment et créent, on n’était pas toujours vraiment dans l’art. L’art, c’est un bien grand mot, et j’aurais préféré des termes comme cours de créativité ou d’exploration.

C’est une matière pour laquelle on travaille en projet, en interdisciplinarité avec d’autres disciplines. Je trouvais un peu dommage que, finalement, les arts plastiques soient « mal vus ». Tu te sens parfois isolé dans ta matière. Parfois, même ta salle de classe est complètement à part dans l’établissement.

Il serait intéressant de revoir le mot, et de dédramatiser ce côté « art », qui peut faire peur, pour insister plutôt sur la démarche créative, le fait de trouver des solutions à des problèmes qui sortent de l’ordinaire.

Le terme « plastique » évoque plutôt les techniques mixtes, l’expression par le faire, par la matérialité. Je ne le trouve pas très joli.

Ce serait chouette d’envisager cette matière comme une matière importante, pouvant se conjuguer avec toutes les autres, et de booster la notion de projet, hyper intéressante sur le plan pédagogique.

La place de la créativité à l’école

— Laurent : On a souvent tendance à dire que l’école tue la créativité. Et comme tu le disais, une seule matière aborde la créativité, alors qu’on en parle assez peu dans les autres. C’est aussi ce que tu as ressenti ?

— Laëtitia : Pas tant que ça, car j’ai travaillé dans des équipes de profs motivés et engagés. Mais aussi parce que j’étais dans un cadre privilégié : j’ai été prof à l’île de La Réunion. Nous n’étions pas confrontés à certaines problématiques présentes en métropole.

Beaucoup de projets émergeaient, et il y avait également assez de moyens financiers, mine de rien. Il y avait une certaine émulation, nous mettions en place des choses pour les élèves. Ils disposaient de cette ouverture qui les encourageait à créer.

Mais encore une fois, j’étais dans cette petite réalité qui n’est pas celle de la majorité des profs.

— Laurent : Oui, on parle vraiment de ton point de vue et de ton expérience, sans en tirer une généralité.

Ça ne dépend pas seulement du lieu géographique, mais surtout du corps professoral, de sa motivation… J’ai l’impression que des profs en poste depuis trente ans, désabusés, se prennent moins la tête, ne vont plus essayer de se renouveler… Ils n’encouragent pas forcément les pensées divergentes, les pensées créatives. Ils sont juste là pour faire leur cours. Et ça n’est pas qu’une question d’âge !

C’est intéressant, professionnellement, que tu aies pu évoluer dans ce type d’environnement.

— Laëtitia : Je suis très reconnaissante pour ça, et j’aime beaucoup ce métier.

On peut toujours mieux faire, pour booster la créativité des jeunes, c’est évident. Mais, de mon expérience, ce n’était pas si mal ! Nous avons fait des choses très chouettes en interdisciplinarité, fait venir des artistes, j’ai aussi beaucoup emmené les élèves dans des musées, dans une galerie d’art…

Nous en avions la possibilité, et les gens étaient motivés et investis pour le faire. C’est précieux, et c’est sûrement grâce à ça que j’ai autant aimé mon expérience.

Déménager, une opportunité de se réinventer

— Laurent : Qu’est-ce qui t’a incitée à arrêter l’enseignement ?

— Laëtitia : Ce n’était pas vraiment un choix pleinement volontaire, mais plutôt par défaut.

Au bout d’un moment, l’insularité nous a pesé : être si loin, sans famille sur place… Nous avons voulu nous rapprocher de l’Europe, donc nous avons quitté la France pour nous installer en Espagne, dont mon mari est originaire. En sortant du système français, je suis donc sortie de l’Éducation nationale.

Je ne me voyais pas repartir de zéro en Espagne, repasser des concours… j’avais déjà donné.

C’était bien, aussi, l’occasion de faire autre chose. Partir en exploration, c’est aussi s’explorer soi-même. Changer de cadre, de langue, de métier m’apparaissait comme une démarche très enrichissante.

— Laurent : Tu n’avais pas la possibilité d’enseigner dans un collège français, par exemple ?

— Laëtitia : Au début, j’ai quand même essayé.

En Espagne, tu as le public, publico, le privé, privado, et entre deux, le concertado. J’ai donné mon CV et je me suis présentée pour faire prof d’art, d’arts plastiques ou de français dans des établissements privés.

Après coup, j’ai réalisé que ce n’était pas le bon plan. De toute façon, on ne m’a pas rappelée, et puis on m’exigeait des documents un peu bizarres, comme un certificat de français alors que je suis française… Ça m’a un peu saoulée, ce côté fermé, le fait d’exiger des titres… Pour moi, c’est anecdotique. Donc, je me suis dit que faire autre chose, ça serait très bien aussi !

Sa définition de la créativité

— Laurent : Maintenant qu’on te connaît un peu plus, on va pouvoir parler de créativité. Peux-tu en donner ta définition ?

— Laëtitia : La créativité part d’un élan de vie, de curiosité. J’y vois aussi les notions d’essayer, d’avoir peur, mais d’y aller quand même, d’oser « échouer ».

Elle ne se rattache pas forcément à un don ou à un talent. C’est plus une attitude, quelque chose qu’on porte en nous, une agilité qui nous aide à avancer.

Elle est vraiment nécessaire pour s’adapter, trouver des solutions à des problèmes ou face à une situation. C’est vital, surtout à notre époque.

La créativité comporte aussi une part de mystère qui me plaît. Elle aide aussi à la connaissance de soi, des autres et du monde.

Créativité et éducation

— Laurent : Je crois que tu es une des premières à évoquer cette notion d’état d’esprit. La créativité est effectivement quelque chose qui s’entretient, se développe.

Toi qui as grandi dans un milieu créatif, penses-tu qu’il y a quand même une part d’inné ?

— Laëtitia : Bonne question. Je pense qu’on porte tous la créativité en nous. Après, ça se travaille, ça se renforce, ça se muscle… L’important, c’est de disposer, dès le départ, de phares, de références.

C’est important que la créativité soit encouragée dès le plus jeune âge, placée sur un piédestal dans l’éducation. Sans curiosité, sans ouverture d’esprit, la vie serait morne, renfermée sur elle-même.

Il y a une part d’inné, mais il est vraiment essentiel de la solliciter, de la renforcer, de la valoriser. Sans quoi, on l’oublie, on la perd, elle se recroqueville et peut finir par disparaître.

— Laurent : Yasmine, que j’ai interrogée dans un épisode précédent, disait qu’une vie durant laquelle on n’explorait pas sa créativité était « une vie gâchée ».

Tu passes à côté de ta vie, en restant dans les cases dans lesquelles on t’a mis. C’est aussi quelque chose que je perçois dans la créativité : le fait de sortir des cases, d’être dans plusieurs cases à la fois, ou de passer de l’une à l’autre, d’en tester des différentes…

— Laëtitia : C’est ça ! La créativité, comme je le disais, est un bel outil de connaissance de soi et du monde. Il serait dommage de rester enfermé dans une case dans laquelle on s’est mis, ou on nous a mis. On peut s’y complaire, même si elle est souvent trop petite pour nous.

— Laurent : Je suppose que la créativité occupe une place importante dans l’éducation de tes trois enfants ?

— Laëtitia : Oui ! Je reproduis le schéma familial, car je suis pleine de gratitude vis-à-vis de l’éducation que j’ai reçue, tournée vers la créativité.

Cela passe par le fait d’être à l’affut de ce qui se passe autour de toi, une expo intéressante, un chouette spectacle auquel les emmener…

Être une famille bilingue stimule la créativité, la plasticité cérébrale est centrale chez les enfants bilingues, qui développent une propension naturelle à la curiosité, à l’ouverture d’esprit.

Nous accordons aussi une place importante à l’environnement des enfants : une pièce, des espaces, des objets pour créer. Ils peuvent explorer librement, suffisamment en sécurité, un cadre de vie agréable. Nous vivons proches de la mer, le temps est ensoleillé la majorité de l’année… ça les booste.

Ils font beaucoup de musique, un langage encore à part, en plus de l’espagnol et du français.

— Laurent : Tu les as guidés vers la musique, ou est-ce quelque chose qu’ils ont découvert par eux-mêmes ?

— Laëtitia : Dans le cas de ma fille, il suffit de lui présenter vite fait les choses, et si elle accroche, elle accroche à fond. Ça a été le cas avec l’application Simply piano, hyper bien faite, très ludique. Nous lui avons offert l’abonnement, et elle apprend le piano comme ça. Elle aime aussi les DJ, le monde du mix. On lui a offert un launchpad et un launchkey pour apprendre à mixer et faire ses beats, ses sons.

Les trois enfants vont aussi à l’école de musique du village. Peut-être que plus tard, ils feront partie de la fanfare 🙂

Il y a aussi une dimension culturelle, permettant de s’intégrer dans la vie du village, de rencontrer de nouvelles personnes, en dehors de l’école. C’est une émulation, une ouverture.

— Laurent : Et peut-être que, finalement, dans un an, ils en auront marre et passeront à autre chose, mais ça leur aura servi. Ce n’est jamais inutile.

— Laëtitia : Je suis d’accord !

Je suis à l’écoute et je les pousse, je les aide à prendre le chemin de leurs envies. Si vraiment ça ne leur plaît pas, il faut arrêter. Ils sont encore jeunes, ils ont le droit d’explorer. C’est dommage d’obliger : quand il n’y a pas de plaisir, quel est l’intérêt ?

Je n’ai même pas souhaité les mettre au conservatoire, parce que cela aurait impliqué quatre heures de cours minimum par semaine, et l’approche est hyper scolaire. Je suis contente qu’ils fassent de la musique, mais ce n’est pas une obsession. Je ne veux pas non plus les en dégoûter. Ce compromis me convient bien.

Sa créativité, de l’enfance à l’âge adulte

— Laurent : Lorsque tu étais enfant, comment se matérialisait ta créativité ?

— Laëtitia : J’aimais beaucoup dessiner, faire de la peinture. J’aimais aussi créer des clubs. Par exemple, avec une copine, nous avons formé un club pour résoudre des énigmes. Je rêvais de vivre des aventures, comme dans les bouquins comme Le Club des cinq.

À l’adolescence, j’aimais faire des sessions de photos de mode avec mes copines : on créait des décors, on s’habillait, on se maquillait… J’ai aussi toujours aimé écrire, notamment des poèmes très torturés à l’adolescence 🙂

— Laurent : Dirais-tu que tu étais plus créative lorsque tu étais plus jeune, ou que tu l’es davantage aujourd’hui ?

— Laëtitia : Je le suis différemment. Plus jeune, ce n’était pas forcément conscientisé, mais plutôt quelque chose de naturel. Ça vient comme ça, sur le tas, parce que d’un coup, tu en as envie. C’est plutôt un élan.

Une fois rentrée en première littéraire et artistique, il y avait un travail à fournir, une culture à acquérir, des artistes à étudier…

Devenue adulte, cultiver ma créativité au quotidien constitue plutôt comme une forme de quête, une volonté. C’est presque une urgence, j’en ai besoin et ça me semble important, et peut-être aussi parce que j’ai des enfants ? En tout cas, je le conscientise davantage aujourd’hui.

— Laurent : La façon dont ta créativité se manifestait lorsque tu étais plus jeune semble donc plus proche de celle que tu définissais tout à l’heure comme un élan ? Elle était plus « pure », par rapport à aujourd’hui, où elle est plus réfléchie ?

— Laëtitia : C’est ça. Adulte, on se rend vite compte qu’on peut se perdre.

Lorsque je me suis mise à mon compte, je me suis un peu perdue : il fallait décrocher des missions, travailler, faire de l’argent. C’était une course sans fin, et ça perdait de son sens.

J’ai fini par me retrouver face à un mur, ça ne pouvait plus continuer comme ça. Au départ, c’était une démarche consciente : aller chercher, faire en sorte que ça émerge. Je stimulais et je préparais le terrain pour que la créativité puisse s’installer.

Aujourd’hui, comme un muscle que tu entretiens gagne en puissance, je suis moins aux prises avec l’idée de créer parce qu’il le faut. J’ai des moments de flow durant lesquels c’est très naturel et ressourçant.

Je conserve tout de même ce cheminement : faire des choses qui vont m’inspirer, débloquer des idées.

Il y a davantage de réflexion dans ma démarche, voire de stratégie, plus ou moins consciente, mais le plaisir reste central. Sans quoi, ça serait horrible !

Créer me permet toujours de me ressourcer, de me retrouver, et de me faire du bien. Ça occupe une place importante dans mon bien-être, dans mon équilibre global.

Préserver sa créativité à l’ère des réseaux sociaux

— Laurent : Redoutes-tu de perdre ta créativité si tu ne l’entretiens pas constamment ?

— Laëtitia : Oui, ça me fait peur. Il est facile de s’oublier.

D’autant plus à l’heure actuelle. Sur les réseaux sociaux, on a tendance à confondre création et création de contenu, donc la stratégie, les likes.

C’est à remettre en question : finalement, il ne faut pas oublier qu’on crée avant tout pour soi-même, pour répondre à un élan intérieur. C’est cette forme de création qui nous construit, nous révèle et nous fait du bien. Il est important de le garder à l’esprit.

— Laurent : Tu es assez active sur LinkedIn, avec lequel tu sembles entretenir un rapport particulier. Tu publies tous les jours, voire plusieurs fois par jour, tout en dénonçant le manque de créativité, le bullshit qu’on y trouve, la vanité que le réseau cultive.

Les réseaux sociaux, et particulièrement LinkedIn, nuisent-ils à la créativité ? Ou bien permettent-ils de la booster ?

— Laëtitia : Tout dépend de la manière dont tu t’en sers, et de ton objectif. Il est important de se reposer régulièrement la question du « pourquoi ? ».

Les réseaux sociaux permettent aux personnes qui exercent une activité créative de diffuser leur travail, de le faire connaître. C’est un très bon outil de diffusion, et doit en rester au statut d’outil.

La création de contenu en tant que telle ne me comble pas, sur le plan de la création. On tourne en rond : créer du contenu juste pour créer du contenu, ça n’a pas de sens. En revanche, j’adore suivre des gens qui font des choses et les partagent : la démarche n’est pas la même.

— Laurent : C’est peut-être propre à LinkedIn, où peu de personnes partagent de manière « désintéressée ». Souvent, il y a une formation à vendre derrière !

J’ai aussi l’impression que certains créatifs professionnels se posent la question de leur légitimité à partager. Récemment, Robin Azéma (que j’avais interrogé dans le podcast), s’interrogeait dans un post :

Je fais des vidéos pour mon métier, est-ce que j’ai le droit de les partager sur LinkedIn ?

Robin Azema, LinkedIn

Tout le monde lui répondait :

Oui, c’est ton boulot. Et de toute façon, tu fais ce que tu veux !

Beaucoup de personnes auraient envie de partager des choses, mais n’osent pas, comme s’il y avait une « police de LinkedIn » pour juger ce qui a ou non sa place sur le réseau.

Mais quand on crée et qu’on souhaite partager, il faut le faire !

— Laëtitia : Si ça reste enfermé chez toi, dans un coin ou dans un placard, ça va satisfaire ton besoin « primaire » de créer pendant un temps.

Mais, la création est vouée à être vue, c’est une forme de communication, d’ouverture aux autres. Il est donc vraiment intéressant de véhiculer ça sur les réseaux.

Quand on les voit comme un outil et qu’on se pose la question du « pourquoi ? », on peut se sentir cohérent et aligné. Qui est-on pour juger les pratiques des autres ? Selon sa sensibilité, chacun transmet ce qu’il a envie de transmettre.

Tu évoquais « la formation à vendre derrière », mais de toute façon, être sur les réseaux pour être sur les réseaux, partager pour partager, ça n’a pas non plus grand sens. C’est quand même bien d’avoir un objectif qui serve ton travail. Sinon, ça revient à publier pour publier.

L’objectif n’est pas forcément monétaire, ça peut être se créer un réseau professionnel, par exemple.

L’influence de ses déménagements sur sa créativité

Une relation à l’art différente

— Laurent : Tu as grandi en France, tu as vécu à Palerme, tu as exercé à La Réunion, tu vis maintenant en Espagne… As-tu constaté des différences dans ces différents pays ou régions sur le plan de la créativité, de la manière dont la pratique créative est, ou non, encouragée ?

— Laëtitia : En France, il existait de nombreuses aides et subventions autour de la culture et de l’art. Je sais que ça change, donc que je temporise un peu. Mais c’était encore le cas lorsque j’y vivais. Il y a tout de même une certaine ouverture, propension à aller vers l’art, à mettre la culture dans sa vie. Les gens sont curieux et demandeurs.

Là où je vis, en Andalousie, il y a moins de moyens mis en place. En revanche, beaucoup de choses tournent autour de la culture locale, de la religion, des fêtes, des monuments. Je le vois avec des yeux d’expatriée, je suis peut-être biaisée, mais vivre ici, c’est très enrichissant, culturellement. C’est très tourné vers le tourisme, la culture est donc très présente.

Il fait tout de même mieux vivre en France, quand on est artiste, qu’en Espagne.

— Laurent : C’est intéressant : je t’ai interrogée sur la créativité et tu m’as répondu en parlant d’art 🙂

Je pensais plutôt à la créativité comme une façon de penser, et non comme une pratique artistique. On fait souvent la confusion.

— Laëtitia : Je ne perçois pas vraiment de grosses différences dans la façon de penser, mais je n’ai peut-être pas envie d’émettre de jugement de valeur 🙂

La créativité mise à l’épreuve

— Laurent : Au cours de tes déménagements, tu as dû te réinventer, professionnellement et personnellement. Quels impacts, positifs ou négatifs, cela a eu sur ta créativité ?

— Laëtitia : Changer de cadre, d’univers, d’entourage, de décor, de culture, c’est très inspirant.

Lorsque je suis arrivée en Espagne, j’étais dans un « mode survie » : je devais m’adapter, me réinventer. Une fois ce temps d’adaptation passé, je suis revenue à la créativité. Mais l’entrepreneuriat m’a rattrapée, avec tout ce qu’il mobilise d’énergie cérébrale, mentale, physique, et cette course à faire toujours plus, gagner plus.

Changer à nouveau de décor, de Grenade à mon petit village au bord de la Méditerranée, m’a remise sur pied, me permettant de me recentrer sur moi. J’ai appris à vivre plus calmement, plus posément, à me laisser porter.

La créativité est naturellement revenue dans ma vie. J’ai lancé La Kaz azul, mon projet de parenthèses récréatives.

La bougeotte, un élément de son identité

— Laurent : Quand tu me parles de « réinvention », je pense au côté « repartir de zéro ».

Cela peut faire peur, car on fait face à une infinité de choix, « tout est possible ». L’as-tu ressenti ? Quels conseils pourrais-tu donner pour éviter de se retrouver débordé par cette peur de quoi faire, où aller, par où commencer ?

— Laëtitia : Ça ne m’a pas fait si peur que ça, sauf le volet administratif, horrible et anxiogène 🙂 J’ai eu la chance, là-dessus, de pouvoir me reposer sur mon mari, que je remercie !

Mais l’administratif mis à part, c’était hyper enrichissant et stimulant. Je me suis aussi construite là-dessus. J’ai deux sœurs, nous sommes trois filles, et moi, je suis celle qui est partie vivre loin. C’est devenu mon identité, cela fait partie de moi, c’est ma façon d’être.

On prend goût à bouger, à changer. Je suis plutôt du genre à peiner à me poser, à accepter de ne pas, encore une fois, me réinventer, pour simplement faire ma vie là où je suis. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer ce que je pourrais faire, où je pourrais aller…

Sa créativité au quotidien : toucher à tout

— Laurent : Aujourd’hui, dans ton quotidien, comment se matérialise ta créativité ?

— Laëtitia : Dans la maison, j’ai pu aménager un atelier, c’est hyper chouette ! Il s’agit vraiment d’un espace dédié à la création. J’y peins, principalement. J’y organise parfois des ateliers d’arts plastiques avec mes enfants, avec les enfants des autres.

Il y a un an, j’ai découvert le cyanotype, une technique photographique hyper chouette. J’en fais beaucoup. J’aime aussi écrire, et je crée beaucoup de contenu autour des notions de créativité, d’inspiration, surtout pour nourrir mon projet de la Kaz azul.

J’aime aussi explorer de nouvelles activités à travers le mouvement, le sport, ça m’inspire beaucoup. Cette année, je suis un stage de céramique.

C’est tout 🙂

— Laurent : Tu n’as pas une discipline de prédilection. C’est ta formation et ton passé de prof qui ont fait de toi une touche-à-tout ?

— Laëtitia : Longtemps, j’ai eu l’impression de partir dans tous les sens, de ne pas savoir me canaliser, de ne pas être focus. En réalité, je suis plutôt une « slasheuse », et je l’ai accepté. J’ai compris que j’allais picorer, au gré de mes élans, de mes envies, de ma curiosité. C’est ce qui me nourrit et me forge en tant que personne.

En réalité, il existe un lien entre toutes ces activités : elles me nourrissent, m’inspirent, et c’est essentiel pour moi.

— Laurent : Même si tu picores, tu es quand même focus sur ce que tu fais, lorsque tu fais quelque chose, quand tu peins, quand tu fais du cyanotype ?

Il y a, surtout dans l’entrepreneuriat, une injonction à « être focus » sur ton projet, ta vision. En réalité, on n’a pas forcément besoin de ne l’être que sur un seul sujet, on peut l’être sur plusieurs.

— Laëtitia : Exactement. À l’heure actuelle, il existe aussi l’injonction à devenir expert de tel ou tel sujet. Alors qu’on a aussi le droit, même adulte, de s’amuser, de continuer à explorer, à tester, à expérimenter. Ça ne signifie pas que tu es paumé, chelou, instable. Il y a seulement des gens plus curieux que d’autres, plus heureux lorsqu’ils satisfont leur curiosité.

Ce que les enfants peuvent nous apprendre sur la créativité

— Laurent : Tu as beaucoup travaillé avec les enfants, tu en as aussi trois. D’après toi, que peuvent-ils nous apprendre sur la créativité ?

— Laëtitia : Beaucoup de choses ! C’est fascinant comme ils ne sont pas du tout dans la stratégie, mais vraiment dans l’élan. Leur créativité est « pure ».

Ils ne visent pas un résultat et sont dans l’acceptation et l’appréciation du cheminement plus que de la finalité. Ils sont aussi complètement détachés de leur création, ils n’ont aucun mal à la jeter à la poubelle, à l’offrir, ou à passer à la suite ! Ils ne mettent pas trop de poids et de sérieux dans ce qu’ils créent, et fourmillent d’idées. Ils sont absolument étonnants, très spontanés et vifs.

Il ne faut pas tuer ça dans l’œuf, mais au contraire, l’encourager. Les enfants sont des modèles de créativité et des inspirations ! Ce sont eux nos enseignants.

— Laurent : C’est amusant, venant d’une ancienne enseignante. Finalement, ils t’enseignaient aussi 🙂

— Laëtitia : Complètement ! J’ai énormément appris de mes élèves.

Pour être un « bon prof », il ne faut pas prendre tes élèves de haut et réellement cultiver un rapport très horizontal. L’humilité tient une place très importante dans la transmission. C’est un cercle vertueux.

— Laurent : C’est aussi valable dans le monde de l’entreprise.

Si on souhaite y développer la créativité, il faut éviter les structures pyramidales, hyper verticales. De manière générale, les modèles horizontaux sont plus propices à la créativité que les modèles très hiérarchisés.

Son projet Kaz azul

— Laurent : Peux-tu nous expliquer ce qu’est Kaz azul et comment t’est venue l’idée ?

— Laëtitia : Kaz azul, c’est le nom que j’ai donné à ma maison.

Kaz fait référence à la maison en créole. Azul (bleu), fait référence au ciel et à la mer, une étendue apaisante et mystérieuse à la fois, qui t’engloutit et t’absorbe, comme le flow créatif. Le bleu est vraiment une couleur qui me transporte, j’en mets partout 🙂

— Laurent : Je voulais justement t’en parler ! Dans ton univers graphique comme dans tes peintures, le bleu est très présent, avec ses différentes nuances.

— Laëtitia : La créativité, c’est partir de soi pour tendre vers quelque chose qui te dépasse. Pour moi, le bleu est la couleur qui représente le mieux cette idée d’absorption et de « dilution », le mystère, la sérénité, le flow, le « plus grand que soi ».

Enfin, Kaz azul est aussi un clin d’œil à la maison de Frida Kahlo, toute bleue, qu’on appelle la Casa Azul. J’adore cette artiste, son univers me fascine. Elle était extrêmement entière et authentique. Peu de femmes artistes l’ont été autant qu’elle, dans leur création.

Dans ce projet que j’ai imaginé, il y a un espace de coliving et de coworking, mais surtout des rencontres entre free indépendants en Andalousie, chez moi. On va se retrouver lors de temps de partage de compétences, vivre des ateliers, des activités créatives, inspirantes pour se ressourcer et favoriser la déconnexion, la reconnexion à soi, à ses sens, à sa créativité.

On y prend du recul sur son activité, sur ses objectifs, pour repartir du bon pied. Ce sont des séjours à la fois un peu « business » mais aussi très axés sur soi, son bien-être, le développement de son inspiration.

— Laurent : Ce sont des séjours à durée limitée, ou bien peut-on rester un jour, un mois ?

— Laëtitia : Les « parenthèses récréatives » ont des dates posées et durent environ une semaine. Il est aussi possible de venir hors des parenthèses, en solo, en couple ou à plusieurs. C’est plus libre, et toutes les activités prévues dans le programme d’une semaine ne sont pas forcément organisées.

— Laurent : Il ne s’agit pas de ton activité principale. Tu te réserves du temps pour ça ?

— Laëtitia : Oui, c’est quelque chose que je fais à côté et que j’aimerais développer davantage.

Je ne pourrais pas le faire à plein temps : accueillir un groupe, organiser des activités, c’est très prenant, énergétiquement. J’ai aussi besoin de phases de calme.

— Laurent : Surtout que les gens sont chez toi ! Concrètement, quels types d’activité proposes-tu, lors des parenthèses créatives ?

— Laëtitia : Je propose par exemple des ateliers de cyanotype, de création de parfums, d’écriture, de céramique, mais aussi la découverte de Grenade…

Il y a aussi des temps de partage de compétences. Les participants échangent leurs compétences pratiques propres, pouvant être exploitées par les autres, même s’ils ne travaillent pas dans le même domaine.

Le projet évolue continuellement, au gré de mes réflexions, de mes prises de recul et de mes rencontres. J’imagine d’autres formes de séjours, par exemple autour de personnes qui m’inspirent et me nourrissent sur les réseaux sociaux, avec lesquelles je souhaite collaborer, sans être forcément celle qui « chapeaute » tout.

En vivant près de la mer, j’envisage aussi de proposer des séjours davantage axés sur le bien-être, le mouvement, des activités autour de l’eau, nautiques ou de baignade.

J’ai découvert l’apnée, et je pense que ça pourrait aussi être intéressant de proposer quelque chose en relation avec cet outil qui mobilise la respiration, demande un certain lâcher prise… Ce sont des éléments importants pour se régénérer, se ressourcer, et finalement mieux créer.

La gamme et les propositions peuvent évoluer, pas pour se complexifier, mais plutôt se diversifier.

— Laurent : À quelle fréquence organises-tu les Parenthèses ?

— Laëtitia : J’en organise une par mois, durant l’automne et le printemps.

— Laurent : Je mets toutes les infos dans les notes de l’épisode, et on peut te contacter pour en savoir plus !

— Laëtitia : Ça marche 🙂

Son projet d’ouvrage

— Laurent : J’ai vu sur LinkedIn que tu travaillais sur un projet d’ouvrage sur la créativité. Tu peux nous en dire plus ?

— Laëtitia : Comme je le disais tout à l’heure, il m’est arrivé de penser que je m’éparpillais, que je m’intéressais à trop de trucs. J’avais l’impression d’être un peu partout en même temps, à l’inverse de l’expert, davantage valorisé actuellement.

Finalement, j’ai fait le lien et j’ai compris que cette quête de créativité, d’inspiration, était ce qui me nourrissait. Ma curiosité, mon élan d’ouverture, je les ai concentrés dans la création de contenu autour de ces thèmes qui me sont chers.

Pendant des mois, j’ai lu des ouvrages sur la créativité, j’ai organisé des séjours autour de ça, publié tous les jours… Je dispose d’un immense vivier d’informations, de réflexions… tout ça pour simplement faire des posts. C’est dommage !

J’ai voulu pousser ça plus loin, utiliser tous ces posts, leur donner un sens et une ambition plus grande, dépassant la seule communication en ligne. J’ai décidé de me lancer dans l’écriture d’un ouvrage qui va résumer et rassembler toutes ces pensées, tout ce que j’ai acquis au fil de mes lectures.

Au-delà d’un livre, je le pense comme un objet hybride, immersif et original sur le plan de l’expérience de lecture. C’est déclinable en ouvrage imprimé, en ouvrage virtuel, mais aussi en conférence.

Ce que j’aime, au fond, c’est rencontrer des gens. Le problème du bouquin, c’est que, dans l’idéal, les gens vont le lire, mais tu ne rencontres pas forcément tes lecteurs. Une conférence permet l’échange, la discussion.

— Laurent : Tu souhaites sortir ça en 2024, ou bien tu préfères prendre le temps ?

— Laëtitia : J’ai quand même envie de cravacher, d’aboutir le truc. J’avance bien, même si je n’ai pas encore d’estimation.

Mon objectif, pour le moment, c’est de bien travailler le plan, commencer à rédiger, puis d’aller démarcher des maisons d’édition.

On m’a prévenue que, pour démarcher, il ne fallait surtout pas avoir tout écrit. Il vaut mieux arriver avec une proposition détaillée, un extrait. À partir de là, si l’éditeur est partant, on se met à fond au travail !

— Laurent : C’est dommage d’attendre la validation d’une maison d’édition pour lancer ton projet, non ? 🙂

— Laëtitia : Si ça ne marche pas, si aucune maison n’en veut, ce qui est probable, je vais tout de même le créer et l’auto éditer, ou en faire un livre électronique, un objet hybride et numérique.

C’est quand même un sacré truc, l’auto-édition, mais j’ai toujours ces portes de sortie. Je veux mener ce projet à bien, d’une façon ou d’une autre. Le premier scénario est celui qui me convient le mieux, mais si ça ne peut pas se faire de cette manière, je rebondirai.

— Laurent : J’imagine que tu documenteras ton aventure sur les réseaux, pour que nous puissions suivre l’avancée de ton projet ?

— Laëtitia : Oui 🙂

Les questions de la fin

— Laurent : Je te propose quelques questions pour conclure.

Ce qu’elle va créer aujourd’hui

— Laurent : Qu’est-ce que tu vas créer aujourd’hui ?

— Laëtitia : Aujourd’hui, j’ai une toile à terminer, et je veux aussi travailler au plan de ce bouquin.

Je m’intéresse aussi au montage sonore et vidéo. Je commence à m’équiper avec un micro, un très bon téléphone. Ça me fait peur, parce que la technique et moi, ça fait deux, mais j’ai vraiment envie d’explorer ce domaine.

— Laurent : Tu comptes lancer une chaîne YouTube, un podcast… ?

— Laëtitia : J’ai lancé une chaîne YouTube, mais pour l’instant, c’est du bricolage !

Mon idée, c’est d’essayer de m’émanciper progressivement des réseaux sociaux. Il y a une mouvance dans ce sens, les gens vont de plus en plus tenter de trouver des chemins de traverse, d’autres modes de communication, pour se créer une audience à proprement parler. Juste courir après les likes, c’est finalement très creux.

— Laurent : Oui, et ça ne dure pas. Tu ne peux pas construire quelque chose uniquement sur des likes.

— Laëtitia : Dans son livre Montrez votre travail, Austin Kleon distingue le stock et le flux. Cela m’a fait beaucoup réfléchir.

Le stock, c’est créer des podcasts, des articles optimisés sur ton site web, de la vidéo pour YouTube. Ces contenus sont référencés sur le long terme, on va te retrouver via les moteurs de recherche. C’est pérenne.

Le flux rassemble les publications sur les réseaux sociaux. Et là, c’est la roue sans fin : tu publies, tu publies, mais qu’est-ce qu’il y a derrière ? Beaucoup de vent.

Ses conseils pour réinventer sa créativité

— Laurent : Quels conseils donnerais-tu à une personne qui cherche à réinventer sa créativité ?

— Laëtitia : C’est bateau, mais je lui dirais qu’on n’a qu’une vie pour explorer et s’explorer. Il ne faut pas s’empêcher, se mettre des barrières sous prétexte de ci, de ça… Quand on entend un appel en nous, il faut s’écouter et y aller.

Il n’y a pas d’âge, pas de règles. Nous avons tous le droit de tester, de tenter des trucs, d’expérimenter.

Cela implique parfois de sortir des sentiers battus, de ses habitudes, et d’aller voir ce qui nous fait peur, mais qui nous appelle.

Il ne faut pas hésiter à changer un peu ses cercles d’amis, de connaissances, à aller vers des inconnus, des gens passionnés qui peuvent nous apprendre beaucoup et nous faire découvrir de nouvelles choses.

C’est important de s’ouvrir et d’être curieux.

— Laurent : Se lancer, se réinventer, cela semble un peu vague. Pourtant, on peut commencer par faire quelque chose dont on n’a pas l’habitude : aller dans un musée, écouter un conteur… On peut inscrire cette ouverture dans sa routine.

— Laëtitia : Exactement. On peut commencer par des choses très simples. On n’est pas obligé de sauter en parachute demain 🙂 Tu peux déjà aller à la bibliothèque et prendre un livre au hasard. Peut-être que tu vas découvrir un auteur qui va t’emmener sur de nouveaux chemins, faire germer de nouvelles réflexions.

Non seulement il ne faut pas craindre de changer ses habitudes, mais il faut aussi aimer changer d’avis.

— Laurent : J’aime beaucoup cette formulation 🙂

— Laëtitia : Parfois, on peut perdre ses repères, se sentir dérouté, s’apercevoir que ce qu’on prenait pour une vérité acquise n’est peut-être pas celle de quelqu’un d’autre.

Des lectures, des conversations, des expositions, des expériences de vie, des voyages… nous amènent à changer de point de vue.

Il faut apprendre à aimer être déstabilisé et avoir tort 🙂

— Laurent : J’adore cette façon de penser. Se montrer curieux de points de vue différents amène forcément à requestionner ce en quoi nous croyons.

Son mot préféré de la langue française

— Laurent : Quel est ton mot préféré de la langue française, ou espagnole ?

— Laëtitia : Je choisis ma langue, le français, dont je suis très fière. Et c’est le mot « résonance ».

— Laurent : Pourquoi ?

— Laëtitia : Je l’adore parce qu’il tinte, il pétille. Il est très subjectif et mystérieux.

On trouve de la résonance partout, à condition de vouloir la voir. Ça me fascine et j’en perçois partout, entre l’homme et la nature, ou dans la nature.

De nombreuses personnes l’écrivent « raisonnance », comme la raison. C’est tout le contraire, pourtant !

J’aime aussi le mot « synchronicité ».

— Laurent : J’aime ce type de mots. J’en cherche la définition dans le dictionnaire.

La première définition est purement physique : « la propriété d’accroître la durée ou l’intensité d’un son ». Mais la seconde est plus poétique : « l’effet produit dans l’esprit ou dans le cœur. »

— Laëtitia : Oui, quand quelque chose répercute dans l’esprit.

Ma sensibilité m’entraîne à cultiver la poésie du quotidien, et je suis fascinée par le mystère, même si ça veut tout et rien dire.

Pourtant, lorsque tu développes ta sensibilité et ta créativité, tu es davantage intéressé par tout ça, davantage à l’écoute. Ça réenchante l’existence, ça permet l’émerveillement. Finalement, c’est ça aussi, la créativité : tisser des liens qui n’existaient pas, ou n’avaient rien d’évident.

Son coup de cœur créatif

— Laurent : Pour conclure, quel créateur ou créatrice souhaites-tu mettre en avant ?

— Laëtitia : J’aime beaucoup Natacha Birds. Elle est très bonne sur les réseaux sociaux, mais ce n’est pas une créatrice de contenu ni une influenceuse, c’est vraiment une artiste complète.

— Laurent : Je ne la connais pas du tout.

— Laëtitia : Elle a beaucoup évolué. Elle communique énormément sur les réseaux : elle était très active sur YouTube, elle est très présente sur Instagram, elle n’a cessé de se réinventer tout en restant réellement elle-même, hyper authentique. Ses thématiques phares sont la femme, la féminité, les fleurs, elle a un univers très poétique, très sensible. On aime ou pas, mais ça ne laisse pas indifférent.

Il y a quelque chose de merveilleux dans son travail, comme si elle avait gardé son âme d’enfant, elle pose un regard émerveillé et plein de poésie sur le monde, elle le réenchante.

— Laurent : Le plus simple, c’est qu’on aille voir par nous-mêmes et qu’on se fasse notre propre avis. J’ajoute les liens pour la découvrir dans les notes de l’épisode.

Conclusion

— Laurent : Où peut-on te retrouver ?

— Laëtitia : Je suis assez active sur LinkedIn, et on peut suivre La Kaz azul sur Instagram.

— Laurent : Merci beaucoup, Laëtitia, c’était chouette !

— Laëtitia : Merci Laurent, c’était très sympa 🙂

Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout.

Comme à chaque épisode, je t’invite à prendre quelques secondes pour noter ce que tu en retiens. Pour ma part, c’est le besoin de laisser une place à l’enfant qui est en nous pour qu’il puisse exprimer son côté créatif sans stratégie ni quête d’un quelconque résultat.

Je suis curieux de savoir ce que toi, tu as retenu de cet épisode !

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