07. Trouver le courage d’exprimer sa créativité, avec Robin Azéma
Ceci est la transcription textuelle de l’épisode n° 7 du podcast « Réserve Créative » (anciennement Le Barboteur) disponible sur votre plateforme d’écoute préférée.
Épisode enregistré le 28 décembre 2022 et diffusé le 8 février 2023.
Introduction
— Laurent : Hello ! Bienvenue sur Le Barboteur, le podcast qui explore et révèle la diversité créative.
Aujourd’hui, je t’emmène à la découverte de Robin. Lorsqu’il était enfant, Robin adorait faire travailler son imaginaire et créer des mondes fantastiques. En grandissant, sa créativité a été refoulée et étouffée par son environnement.
Par conformisme, il s’est enfermé pendant plusieurs années dans des métiers dans lesquels certes, il gagnait très bien sa vie, mais ne s’épanouissait pas du tout. Il y a quelques années, il a pris son courage à deux mains et décidé de réorienter sa vie professionnelle pour enfin vivre de ses créations.
Dans cet épisode, nous avons parlé de courage, de sens, et de l’impact de la parentalité sur la créativité. C’est un épisode riche dans lequel Robin se livre sans tabou et en toute simplicité.
Sur ce, je te souhaite une excellente écoute !
Les partenaires
Présentation de Robin
— Laurent : Salut Robin ! Je suis ravi de t’avoir avec moi dans ce premier épisode de la saison 2 du Barboteur. Tu incarnes bien ce que j’ai envie d’illustrer avec ce podcast, à savoir que l’on est tous créatifs à notre manière. Parfois, cette créativité peut tarder à s’exprimer, comme on l’a vu dans l’épisode précédent avec Anne-Sophie. Parfois, elle était un peu refoulée avant d’éclater à nouveau avec le temps. Ça a été ton cas, et c’est ce dont on va parler aujourd’hui ensemble. Donc, bienvenue !
— Robin : Merci beaucoup, je suis très honoré de l’invitation. Au-delà du plaisir de parler avec toi, je suis vraiment content qu’on puisse parler de ces sujets-là.
— Laurent : Plaisir réciproque !
Pour être transparent, ça fait quelque temps que l’on se connaît professionnellement : je t’ai rencontré dans une précédente vie professionnelle.
Avant d’entrer dans le détail, on va parler un peu de ton parcours et de comment tu en es arrivé à retrouver ta créativité.
La question que j’aime bien poser, parce que ce n’est jamais vraiment simple d’y répondre, mais que c’est un bon exercice, c’est : qu’est-ce que tu réponds quand on te demande ce que tu fais dans la vie ?
— Robin : C’est vrai que ce n’est pas toujours facile d’y répondre, surtout dans ma famille. 😄
J’ai une famille d’artisans et d’industriels, donc les tafs que je fais sur le web leur paraissent très obscurs.
Comment je réponds aujourd’hui ? En général, de la manière la plus simple : « J’écris pour des youtubeurs. » C’est ce qui est le plus parlant, les gens arrivent à situer à peu près.
— Laurent : Mais c’est réducteur ?
— Robin : Oui, en général, tu réponds toujours de manière très réductrice.
Sinon, je réponds à cette question en introduisant d’abord un constat, un problème que j’ai remarqué :
« J’ai remarqué qu’il y a plein de youtubeurs qui voulaient faire grossir leur chaîne, mais que leur temps était limité, donc qu’ils avaient besoin d’aide pour pouvoir écrire d’autres vidéos. C’est pour ça que je me suis lancé en tant que freelance copywriter vidéo. »
Se présenter ainsi, ça rend le truc un peu plus mémorable.
— Laurent : Du coup, c’est plus un pitch business 😄 Dans ta famille, je ne suis pas sûr que ça parle…
— Robin : Ça pourrait, mais non. 😂
Ma famille, j’ai beau leur réexpliquer dès que je les revois, en général, ils sont toujours perdus !
C’est marrant que tu abordes ce sujet : pas plus tard qu’hier, j’ai vu mon grand-père. J’ai commencé à lui parler un peu et il m’a dit — je ne vais pas vous imiter l’accent de mon grand-père, mais imaginez-vous un vieil homme du Tarn avec un accent du Sud et qui roule les r :
« Je t’arrête tout de suite. Moi, je ne comprends rien à ce que tu fais ! »
C’est, en général, les retours que j’ai. 🤣
— Laurent : Là, on enregistre l’épisode entre Noël et Nouvel An, donc c’est la saison pendant laquelle tu entends sûrement beaucoup cette question, tu dois réexpliquer ton métier à chaque fois ?
— Robin : C’est ça, dès que tu revois un peu la famille : « T’en es où ? »
En plus, j’ai tendance à changer quand même assez souvent, dans mon activité, donc je comprends que les gens soient largués !
Son parcours
— Laurent : Pour qu’on comprenne un peu de quoi on parle et ce dont on va parler, est-ce que tu peux expliquer en quelques mots ton parcours et là où tu en es aujourd’hui ?
— Robin : En gros, j’ai fait des études pour être ergonome web, donc travailler sur les interfaces utilisateurs. Finalement, ce n’est pas du tout ce que j’ai fait, parce que je me suis rendu compte qu’ergonome, ça ne correspondait pas vraiment à mon tempérament.
À l’époque, je voulais entreprendre, j’avais un tempérament très on fire. Donc je suis devenu commercial, parce que je trouvais que c’était une compétence intéressante pour être un bon entrepreneur, et que ça me correspondait mieux. J’ai fait ça pendant quelques années.
Après, j’ai lancé une première boîte que j’ai ratée, puis une deuxième, un escape game, et ça a fonctionné. J’ai revendu mes parts, et en 2018, je me suis lancé sur le web, en me disant que j’allais pouvoir bosser d’où je voulais.
J’ai testé plusieurs trucs : vendre des formations en ligne, de l’accompagnement, du consulting…
Et c’est ce qui m’a amené aujourd’hui à écrire pour une chaîne YouTube, Marketing mania. Je fais 2-3 trucs autour, toujours un peu de consulting, des choses comme ça, mais 80, voire 90 % de mon activité, maintenant, c’est d’écrire pour ce youtubeur.
Ses projets persos
— Laurent : Et en parallèle, tu as aussi tes projets persos ?
— Robin : Depuis peu, j’ai principalement un projet perso qui me prend du temps. C’est un projet auquel j’avais pensé l’hiver dernier et que j’ai laissé maturer pendant quelques mois. Ça s’appelle Le Royaume. C’est un projet de fictions, de sketches, d’humour, principalement sur YouTube. C’est assez récent, j’ai sorti la première vidéo en octobre 2022.
J’espère pouvoir t’en reparler un jour pour te raconter comment j’ai réussi à créer tout un univers à succès autour du Royaume en partant de rien du tout. 😀
Avant ça, j’avais ma propre chaîne YouTube, mais elle est un peu à l’abandon…
— Laurent : Pour préciser, la particularité, c’est que tu fais ça avec une intelligence artificielle, c’est ça
— Robin : Certains aspects, oui.
Vu que ce sont des sketches que je tourne sur fond vert, je me sers de Midjourney, une des IA artistiques les plus connues, pour faire mes backgrounds.
J’utilise aussi un autre logiciel, EbSynth, pour certains sketches qui ressemblent à des dessins animés. Normalement, pour un dessin animé, tu dessines chaque frame. Là, je me filme, puis par-dessus mon film, je me redessine, 6-7 frames pour un sketch de 30 secondes. L’IA va adapter ce dessin à toutes les autres frames, ce qui donne l’illusion que c’est un dessin animé, mais en fait, il est en partie animé par l’IA.
Je fais plusieurs expériences comme ça, le temps de trouver mon style, à la fois ce qui me plaît et ce qui plaît à l’audience, je teste des trucs…
Une créativité refoulée
— Laurent : J’expliquais en introduction que ta créativité avait été un peu refoulée, c’est ce que tu m’as raconté en préparant l’interview.
Plus jeune, tu étais déjà un créatif, mais tu t’es conformé à ce qu’on attendait de toi en étant entrepreneur ?
« Créatif dans la connerie »
— Robin : Jeune, j’étais créatif, mais ce n’était pas valorisé. Mon père disait souvent, quand des profs lui disaient que j’étais créatif :
Ouais, il est créatif dans la connerie !
Il ne disait pas ça méchamment : je dédiais quand même le plus gros de mon temps en cours à faire marrer mes potes.
J’étais aussi un peu un nerd, même si ça ne se voyait pas. Je n’étais pas le cliché qu’on peut imaginer : comme je passais mon temps à faire le con, j’étais relativement populaire, quand j’étais au collège. 😅
Je m’habillais du genre — quand j’y pense, quand je revois ma tronche 🙂 — baskets, casquette, survêt. Donc on ne s’imaginait pas qu’au fond de moi, j’étais un pur nerd.
Quand je ne faisais pas le con pour faire marrer mes potes, je passais mon temps à lire et relire Le Seigneur des anneaux, je peignais des figurines Warhammer, je m’immergeais dans des univers comme ça, d’heroic fantasy, c’était vraiment ma came. Je lisais, j’écrivais des nouvelles, j’inventais des univers, des personnages, je dessinais des cartes… c’était vraiment mon délire.
Mais faire marrer mes potes ou m’immerger dans des univers, c’était bien mignon, mais ça ne paraissait pas bien utile à l’époque, pour moi qui viens d’un milieu d’artisans, d’industriels.
J’ai fait un peu le con comme ça jusqu’à tard, jusqu’à 21 ans. Et puis, à 21 ans, tous les potes se sont mis à bosser, à dire : « Mec, il faut arrêter de perdre notre temps ! »
Ça m’a mis une claque et je me suis dit : « OK, maintenant je deviens sérieux ! », tu vois ? Et à partir de ce moment, il y a vraiment eu une mise à l’écart de ce côté créatif, parce que je me disais qu’il fallait faire quelque chose de ma vie.
Objectif : entreprendre
— Robin : Inconsciemment, effectivement, l’entrepreneuriat, c’était un moyen de faire un truc sérieux et en même temps de créer des choses.
Et je dis bien « inconsciemment », parce que je ne me rendais pas compte, à l’époque, à quel point c’était important pour moi de créer. L’entrepreneuriat, c’était aussi un moyen d’être libre, d’avoir le contrôle, parce que j’ai toujours eu du mal avec l’autorité.
C’était un truc que je trouvais cool, aussi bête que ça puisse paraître. Quand j’avais 21 ans, j’ai notamment rencontré un entrepreneur, Marc Rougier, et j’ai trouvé ce mec trop cool, trop inspirant.
Je me disais : « J’aimerais bien être comme lui ! »
Ça peut paraître superficiel, mais ce mec m’avait vraiment impacté, je le trouvais hyper charismatique. Donc, je m’étais dit :
Deviens entrepreneur !
Il faut quand même rappeler aussi le milieu d’où je viens : mes parents sont des entrepreneurs. Ma mère a un centre esthétique, un spa en gros, et mon père avait une industrie dans le textile.
Alors j’ai vu les deux côtés de l’entrepreneuriat : ma mère, pour qui ça marchait, et mon père, pour qui ça se cassait la gueule. Parce qu’en 2001, les quotas qui empêchaient, en gros, les textiles asiatiques d’envahir la France, ont été levés. Tout le textile français s’est cassé la gueule, dont la boîte de mon père.
Ça influence forcément. J’évite de jouer la carte « Je suis parti de rien, je suis entrepreneur dans l’âme. » Non, mec, tu as quand même grandi dans un milieu d’entrepreneurs, je pense que c’est important de le rappeler.
Retrouver la créativité, une urgence
— Laurent : Qu’est-ce qui, dans ton parcours, t’a fait dire : « En fait, être sérieux, c’est bien, mais j’ai envie de redevenir le Robin déconneur et le Robin créatif ? »
— Robin : Je ne sais pas s’il y a vraiment eu un événement précis, c’est plutôt une succession de choses.
Ça fait longtemps que je suis en quête de trouver — j’allais dire « qui je suis », c’est peut-être un peu large — des choses qui ont un peu plus de sens. Moi, j’aime travailler, je suis prêt à travailler fort pour des choses qui ont du sens. Sauf que ces dernières années, j’avais un peu du mal à trouver du sens.
Je te disais tout à l’heure que je m’étais lancé sur le web, pour vendre des formations. Aujourd’hui, j’ai toujours une formation sur la prospection qui, je pense, est vraiment bonne. Mais je ne la vends pas, je ne m’en occupe pas. Parce qu’en fait, ça n’a pas beaucoup de sens pour moi…
Je vais éviter de trop digresser là-dessus, et j’en reviens à la question des « déclics ». Je pense que c’est vraiment lié à cette quête de sens.
Parmi ces déclics, m’ennuyer dans ce que je faisais et avoir l’impression qu’il fallait que je sorte des choses, ça a compté, je pense. J’ai toujours un sentiment d’urgence, un empressement en moi. J’ai vraiment conscience que la vie est courte, que le temps passe très vite, et que j’ai des choses à faire, et vite. Ce n’est pas très rationnel de dire ça.
La créativité selon Robin
— Robin : Ça rejoint un peu la définition de la créativité, même s’il y en a probablement plusieurs.
Il y a l’acte créatif, créer des choses, utiliser sa réflexion pour trouver une solution créative, résoudre des problèmes.
Mais il y a aussi des gens, dont je pense faire partie, pour qui la créativité est presque davantage un besoin qu’un moyen. Ce besoin, j’ai mis le doigt dessus aujourd’hui, je le ressens vraiment. Si je ne fais pas des trucs créatifs, j’ai l’impression de laisser mourir mon âme, vraiment, de me tuer à petit feu.
Sa prise de conscience
— Robin : Quand j’étais commercial, d’un point de vue extérieur, j’avais plein de choses folles : je bossais, je gérais tout le Sud-ouest, je travaillais depuis chez moi, j’étais hyper autonome, je gagnais super bien ma vie, j’avais la voiture de fonction, j’allais dans des congrès en Europe…
Mais je ne créais absolument rien, en étant commercial, je ne laissais jamais libre cours à ma créativité.
Et, je n’ai jamais été aussi malheureux de ma vie qu’à ce moment-là. À un moment, en pleines vacances, j’ai enchaîné une semaine à faire des nuits blanches tellement j’étais anxieux. Et ça rend fou.
Quand tu essaies de faire des choses et qu’à un moment, tu te rends compte que ça te rend malheureux, tu peux fuir, t’anesthésier, ce que j’ai fait un temps, faire la fête, boire de l’alcool, prendre des drogues, ce que tu veux… Ou, à un moment, tu as le courage nécessaire pour te plonger dans l’introspection et te demander pourquoi tu ne vas pas bien. Pour moi, une des raisons, c’était quand même le manque de sens et surtout de créativité, le besoin de libérer ça.
Ça a contribué à libérer ma créativité. Parce que c’est après cette expérience-là que j’ai lancé une deuxième boîte.
— Laurent : C’est intéressant ce que tu dis, et tu es la deuxième personne que je reçois qui a vraiment ce besoin presque viscéral de créer.
Le premier, c’était Geoffrey, qui est designer. Il disait : « je suis obligé de designer sinon je deviens fou. »
C’est un peu ce que tu dis aussi de ton côté : « J’ai besoin de créer sinon je ne suis pas heureux. »
— Robin : J’ai toujours eu un peu de mal à dormir, et depuis l’enfance, j’ai des histoires dans ma tête qui m’aident à trouver le sommeil. J’ai tout un roman, même une série de romans, que je n’ai jamais écrits. L’histoire, je la continue le soir : je me couche, je ferme les yeux, je pense aux personnages, je vois les actions, et tout…
C’est vraiment pour te dire à quel point ça s’impose ! Je comprends ce que veut dire Geoffrey quand il dit « je meurs si je ne designe pas » 😄
— Laurent : Alors, ce n’était pas « je meurs », mais « je deviens fou ». 😅 C’est plus une question d’équilibre mental.
Créer pour soi vs créer pour les autres
— Laurent : C’est intéressant, ça veut dire que si tu crées, c’est surtout pour toi que tu le fais ?
Tu arrives à en vivre, d’accord, mais c’est d’abord pour satisfaire un besoin personnel, pas juste pour répondre à une demande client ? C’est plutôt que cette demande client te permet d’en vivre ?
— Robin : Oui, aujourd’hui, j’utilise une partie de ma créativité pour écrire pour d’autres. Mais je me rends compte que ça ne me remplit pas tant que ça. J’ai vraiment besoin de créer mes trucs, c’est ça qui a le plus de sens.
Ça fait partie de mes réflexions du moment : est-ce que je dois utiliser ma créativité pour des clients en prestation ou créer des œuvres, des produits liés à la fiction et à mes délires de nerd et de les vendre ?
— Laurent : À cause des contraintes que génère le fait de travailler pour quelqu’un ? À cause de la pression ?
— Robin : Je suppose que c’est une question de contrainte. Quand je crée mes trucs et que je les vends, ce sont vraiment « mes » trucs… Il y a peut-être une part d’ego aussi.
Pendant longtemps, quand j’étais jeune, je rêvais d’être écrivain, de créer mon œuvre et de la vendre. Sur un plan business, c’est un produit, mais sur un plan personnel, tu as sorti ce que tu avais en toi.
Tandis que quand j’utilise ma créativité pour mes clients, je ne sors pas ce que j’ai en moi, alors que j’en ai besoin !
— Laurent : Et puis, dans le travail que tu fais pour les autres, tu n’y mets pas ta patte personnelle, tu dois t’adapter à un style. Je comprends ce que tu dis, je le ressens aussi. Entre le travail que je fais pour mes clients en rédaction et quand j’écris pour moi, pour le podcast, ce n’est pas du tout le la même énergie.
— Robin : Ah, c’est intéressant ! Parce que j’ai l’impression que ce côté presque « souffrance », ça n’arrive qu’aux gens qui ont un énorme degré de créativité, et ça paraît présomptueux quand je dis ça.
— Laurent : Tu insinues que je ne suis pas créatif, c’est ça ? 😁
— Robin : Non, ce n’est pas ce que je veux dire, je n’en sais rien. 😄
Je ne te connais pas assez pour savoir.
D’ailleurs, c’est un point intéressant. On a tendance à dire que tout le monde est créatif au même niveau, mais ce n’est pas ce que montrent les études sur le sujet, globalement.
Le revers de la médaille
— Robin : On voit la créativité comme une qualité, forcément. Sauf que très souvent, ce qui va avec, c’est aussi un problème de gestion des émotions. Le cliché des artistes qui se droguent ne sont pas nés par hasard !
Il y a des vidéos entières là-dessus, la « malédiction de la créativité », il y a vraiment ce revers de la médaille. C’est un sujet intéressant mais je ne vais pas trop digresser dessus…
— Laurent : On peut ! C’est intéressant ce que tu dis.
Une des théories que je défends à travers ce podcast, c’est qu’on est tous créatifs. En revanche, tu as raison, je pense qu’on ne l’est pas tous de la même façon, au même degré.
Par exemple, j’estime avoir une certaine créativité. Par contre, créer n’est pas un besoin viscéral, c’est plus une curiosité intellectuelle. Si je ne crée rien pendant plusieurs mois, ça ne va pas m’empêcher de dormir !
— Robin : Pourtant, même si ce n’est pas un besoin viscéral, tu ressens quand même la différence quand tu utilises ta créativité pour tes clients ou quand tu fais ton podcast. Faire tes trucs te nourrit davantage.
— Laurent : Oui, c’est ça. Je ne vois pas comme une souffrance le fait de travailler ou d’écrire pour mes clients, mais comme une façon de faire différente, ni mieux, ni moins bien. Il y a des contraintes et des avantages.
Ce que j’entends dans ce que tu me dis, c’est qu’effectivement, si le terme de « souffrance » est un peu fort, il y a tout de même une énorme différence entre ce que tu fais pour tes clients et ce que tu fais pour toi, en termes d’énergie.
— Robin : La vraie souffrance, c’était quand je ne créais pas. On parle bien d’une souffrance mentale, hein, je ne suis pas un enfant dans un pays en guerre. 😉
Ça me rend juste vraiment malheureux.
Je ne souffre pas de travailler pour les clients. Je suis content de le faire, j’apprends des choses, c’est hyper intéressant de rencontrer des gens…
Notamment, là, je bosse beaucoup pour Marketing mania, et Stan Leloup est un mec passionnant, j’adore bosser avec lui.
C’est juste que ça ne me nourrit pas, ça ne m’excite pas autant que mes trucs, que quand je crée mes sketches, mes univers… ce qui me semble assez logique, tu me diras.
— Laurent : Surtout qu’en plus, Stan est assez réputé pour ses vidéos hyper calibrées, millimétrées, scriptées, pas forcément très créatives.
Pour ceux qui s’intéressent au marketing, ce sont des vidéos qui très intéressantes, très fouillées, très documentées. Cependant, en termes de script, on est plutôt dans la recherche de l’efficacité que de la créativité.
— Robin : C’est carrément ça ! Quand je crée pour moi ou quand je crée des scripts vidéo pour Stan, je ne ressens pas du tout le même effort mental.
Quand tu crées un sketch ou un truc de fiction, tu pars d’une idée, d’une histoire, tu le sors de toi, puis tu vas peaufiner. La partie rationnelle, comment rendre ça plus efficace, ça vient après.
Chez Stan, l’idée d’efficacité est présente dès le début. Sa méthode, c’est d’essorer tous les articles sur un sujet, tout lire, tout étudier. Après, il va faire un mix de tout ça dans sa tête et trouver un angle un peu unique. On cherche quelle vérité on veut exprimer sur le sujet, comment on peut aller plus loin… Le cœur du truc, c’est davantage de l’analyse, à mon sens, même s’il y a des éléments créatifs.
Nourrir sa créativité
— Laurent : Tu parlais de tes lectures, ce genre de choses, quand tu étais plus jeune… Actuellement, qu’est-ce qui nourrit ta créativité ?
— Robin : C’est intéressant, je ne m’étais jamais posé la question de ce qui nourrit ma créativité en ce moment !
Ce qui nourrit ma créativité professionnelle, tu vois, mes analyses, ça va être beaucoup de vidéos YouTube, beaucoup d’articles. Je lis aussi beaucoup de livres…
Retour aux sources
Ces derniers jours, je replonge un peu dans mes trucs de nerd. C’est la période de Noël, donc je suis retourné chez mes parents et j’ai retrouvé un carton de Warhammer, les petites figurines dont je parlais tout à l’heure. Ça m’a fait un peu replonger dedans et mine de rien, ce sont des choses qui me nourrissent vachement.
Je suis un grand fan de sports de combat, donc je vais consommer beaucoup de trucs dessus. Et pas mal de lectures, de romans, toujours mes trucs nerd de fantasy, de science-fiction, les jeux vidéo…
Bon, là j’ai arrêté parce que je n’ai pas beaucoup le temps et l’énergie mentale.
Ne pas se laisser dévorer
— Robin : Le problème, quand je me fous sur un bon jeu vidéo, c’est que ça me dévore, ça m’obsède très vite. 😅
J’avais acheté Elden Ring, j’ai commencé à le lancer, j’ai trouvé ça énorme ! Mais au-delà du temps que je passe dans le jeu, moi, ça me consomme du temps après, surtout si c’est un jeu difficile.
Je n’arrive pas à m’empêcher d’y penser : « il faudrait peut-être que je teste ça, que je fasse comme-ci, comme ça… » Je commence à y réfléchir sous la douche et tout. 😄
C’est de l’énergie consommée que je devrais mettre ailleurs. Mais mine de rien, les jeux contribuent énormément à ma créativité.
La place de l’humour
— Robin : Je regarde également pas mal de stand-up et d’humoristes. C’est vraiment un truc que j’adore, ce travail sur l’enchaînement des mots, sur le rythme et sur l’idée, tout simplement. L’idée de faire une blague là-dessus… il n’y a rien qui m’éclate plus que ça, je pense !
C’est d’ailleurs un peu le liant avec mes meilleurs potes.
On est tous très différents sauf sur un truc : on a le même plaisir de l’humour un peu absurde, où on part méga loin… Il y en a un qui va commencer à dire :
Imagine le gars, il fait ça…
Et là, c’est la surenchère, ça dure 10 minutes à chaque fois. Il y en a toujours un qui va en rajouter : « Et imagine, après, il fait ça… »
On part dans des délires, ça m’éclate et ça me nourrit vachement. Tout ce qui est lié à l’humour, c’est une énorme source de créativité pour moi.
Nourrir sa créativité : activité solitaire ou sport d’équipe ?
— Laurent : Je me faisais une réflexion en t’écoutant, nuancée avec ce que tu viens de me dire à l’instant. Ta nourriture, tu vas la chercher dans des activités plutôt introverties, comme lire un livre, et pas forcément en échangeant avec les autres… sauf avec tes copains !
— Robin : Souvent, les gens se disent introvertis ou extravertis. Moi, j’ai vraiment l’impression d’être extrême des deux côtés.
J’apprécie vachement la solitude, je peux passer des semaines sans voir qui que ce soit, au grand dam de ma femme, d’ailleurs.
Et en même temps, j’aime vraiment voir des gens, je ne suis pas du tout timide. Si tu me lances dans un groupe, je n’ai aucun souci à aller parler aux autres, leur poser des questions, je suis très curieux des gens. Au final, les deux me nourrissent.
Tous les gens ne me nourrissent pas, mais quand je rencontre des gens un peu barrés, qui, comme moi, vont partir sur de l’humour absurde, avoir des idées un peu what the fuck. Il y a aussi des gens qui sont drôles malgré eux, tellement je les trouve perchés.
Comme j’adore imaginer des personnages, quand je rencontre des gens vraiment différents, ça me fait forcément penser à un personnage. Ça m’est arrivé plusieurs fois de rire à cause de gens qui tapaient des colères pour un oui pour un non. Je trouve ça comique tellement le la personne devient caricaturale.
Mais si les trucs un peu dans mon coin me nourrissent autant que certaines interactions, c’est quand je fais mes trucs de nerd que je m’évade le plus !
Créativité et parentalité
— Laurent : Tu es papa d’une petite fille et bientôt d’un deuxième enfant.
Maintenant que tu es père, est-ce que tu comprends mieux pourquoi tu subissais cette injonction, « sois sérieux », de la part de ton entourage à une époque ?
— Robin : C’est clair ! Je ne vais rien dire de bien créatif, là 🙂
Tout le monde l’expérimente : tu te mets à tout comprendre différemment une fois que tu as des enfants. En tout cas c’est mon cas.
(Se) remettre en question, ou pas
— Robin : Il y a aussi des trucs qui me renforcent dans l’idée qu’il y a beaucoup d’absurdités dans l’éducation un peu traditionnelle, dans le système scolaire…
Ado, j’étais vraiment en conflit avec le monde adulte, j’avais l’impression que ma famille ne me comprenait pas beaucoup. Je vais commettre des erreurs avec ma fille, c’est sûr, mais j’espère ne pas reproduire les trucs qui m’ont fait chier dans mon éducation.
J’ai vraiment envie d’être à l’écoute, de lui donner confiance sans essayer de lui imposer mes propres croyances sur ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.
Je suppose que tu l’as vécu aussi, mais quand tu es gamin, on te dicte ce à quoi tu as le droit de rêver… Sans vouloir éduquer les gamins dans le monde des Bisounours, je trouve cela un peu dur !
Je suis partagé. D’un côté, je rejoins ce que tu me suggères : effectivement, je comprends mieux plein de choses. D’un autre, ça me renforce dans mon incompréhension d’autres choses.
Aujourd’hui, je me demande « Mais pourquoi les gens m’ont dit ça ? C’était faux ! »
C’est une expérience que tu as eue, toi aussi, on t’a imposé des limites ?
— Laurent : Oui, forcément, même si je pense que ma créativité, qui n’est peut-être pas aussi débridée que la tienne, a sans doute été un peu moins censurée. Mais dans mon éducation, il y avait l’injonction de « rester dans le rang ».
J’ai grandi dans un petit village où ma mère était adjointe, elle était aussi prof dans un collège, en campagne, donc elle était assez « connue ». Il fallait à tout prix ne pas faire de vagues, parce que j’étais « le fils de ».
— Robin : Ah oui ! C’est intéressant, quand même !
— Laurent : C’est un truc assez courant pour les personnes de notre génération. Tu as 35 ans, j’en ai 37, on est à peu près du même âge. Je ne sais pas si c’est la même chose chez les plus jeunes. Pour les générations plus anciennes, c’était probablement encore pire, je pense 🙂
Les messages à transmettre
— Laurent : Tu disais tout à l’heure que tu voulais faire attention à ne pas reproduire les mêmes schémas.
Quel serait le message que tu voudrais transmettre à tes enfants, concernant la créativité, s’il y en a un, d’ailleurs ?
— Robin : Ça ne serait peut-être pas « sur la créativité » uniquement, mais plutôt un message de vie.
On a évoqué plusieurs fois le courage, je pense que c’est un truc hyper important. J’ai manqué de courage quand j’étais plus jeune.
C’est pour ça que j’ai toujours été en quête de personnages courageux. J’ai aussi toujours été fasciné par les sports de combat parce que ça m’évoque une forme de courage physique et martial.
J’espère réussir à éduquer mes enfants dans cette idée d’être courageux face au besoin d’introspection, de comprendre et de libérer qui on est, d’être créatif, si c’est un besoin que tu as. De façon générale, on doit être courageux pour faire ce qu’on a à faire, ne pas s’auto-limiter.
J’aime aussi la notion de sagesse, ça me semble hyper important. J’ai l’impression qu’on la perd un peu, mais peut-être que toutes les générations ressentent ça à un moment.
À l’ère des réseaux sociaux, on est plus dans une polarisation extrême : soit tu es un « wokiste » communiste, soit tu es un facho d’extrême droite. La polarisation est présente dans plein d’autres domaines, c’est juste pour donner une image. On manque un peu de sagesse, de recul, d’empathie, de tolérance.
Embarquer les enfants dans la création
— Robin : Je serais ravi que mes enfants soient créatifs et que je puisse contribuer à libérer leur créativité, d’être créatif avec eux.
En ce moment, j’ai des idées de business tournant autour de la fiction et de la créativité. Je n’ai encore rien lancé parce que, justement, je suis en train de rassembler mon courage. J’ai envie de faire des trucs et je t’avoue qu’en ce moment, j’ai peur de me planter, de me relancer dans un truc qui me consomme toute mon énergie.
Mais si j’y arrive, une des visions qui me fait rêver, c’est la possibilité que mes enfants bossent dedans. Parce que si ça marche, ça peut être un business hyper cool… à mes yeux !
Ils vont peut-être me dire « Mais Papa, on s’en fout de ton truc ! » Mais moi, j’ai l’impression que ça serait génial de bosser dans un business comme ça, où tu peux écrire, vendre de la fiction, c’est kiffant.
Je n’ai pas un magasin de visserie, quoi ! S’il y a des gens qui ont des magasins de visserie, je n’ai rien contre vous, les gars, c’est juste que je suppose que dans la tête d’un enfant, ça fait moins rêver ! 😅
Challenger ses croyances et ses projections
— Laurent : Leur laisser la possibilité de trouver leur voie, ça signifie aussi que, potentiellement, ils vont aller à l’encontre de tes croyances. Il y a une dichotomie entre leur laisser la possibilité d’aller d’explorer ce qu’ils veulent et tes projections pour eux.
— Robin : Oui, forcément, j’ai des projections.
Je suis OK avec l’idée qu’ils viennent me challenger, j’espère même qu’ils vont le faire. J’ai énormément challengé mes parents sur leurs croyances, leurs propres limitations. J’étais quand même un petit con, une bonne tête à claque ! 😇
Ce qui était frustrant, à l’époque, c’est qu’on aurait parfois pu déjouer ma bêtise avec un peu plus de logique, de rhétorique, plutôt que de m’opposer croyance contre croyance. Personne n’évolue.
— Laurent : Je comprends.
— Robin : Je pense que parfois, je vais me buter, mais en général, j’ai quand même une grosse capacité d’introspection.
Et comme j’admire les gens sages, j’essaie tout le temps, quand j’ai des discussions, des débats, de chercher la vérité plus que de « gagner ». La vérité, parfois, c’est que personne ne sait, tu peux juste dire « je crois ».
Si mes enfants viennent me challenger, j’espère parvenir à ne pas trop me positionner dans le rôle du sachant, mais plutôt à réfléchir avec eux, essayer de trouver un truc logique.
C’est fort probable qu’ils se laissent emporter par leurs émotions. Quand tu es ado, tu trouves que le monde est injuste, mais en fait, c’est juste que tu ne comprends pas le monde, l’être humain, les sociétés…
— Laurent : Je te propose de conclure cette parenthèse « parentalité » et de revenir à la créativité. 😄
Il y a quelques jours, j’ai vu une interview du réalisateur Francis Ford Coppola expliquant que quand il faisait un film, il essayait toujours de trouver un mot qui symbolise, selon lui, l’essence du film.
Il essaye de faire en sorte que ce mot clé devienne le fil rouge du film. Par exemple, pour Le Parrain, le mot clé, c’était « succession ».
— Robin : Excellent !
— Laurent : Finalement, le film n’est pas un film sur la mafia, c’est une histoire de succession. Ça me donne envie de te demander un mot clé pour définir ce qui t’anime aujourd’hui. Je te prends un peu au dépourvu ! 😁
Une volonté de « créer durable »
— Robin : C’est balaise, ça, c’est deep ! 😆
Qu’est-ce qui m’anime aujourd’hui ?
C’est quand même beaucoup lié à mes enfants, dans le sens où j’essaie de créer des trucs, que les Anglais qualifieraient de sustainable, c’est-à-dire vraiment durables, mais aussi dans le sens : que moi, je peux tenir.
À la naissance de ma fille, quand ils l’ont mise dans mes bras, c’est un sentiment de protection qui m’avait envahi. Aujourd’hui, ce qui m’anime, c’est de sécuriser mes enfants et de construire.
Ça serait donc le mot : « construction ».
Le plaisir : un moyen
— Robin : Le kiff n’est pas au cœur de ma démarche.
Par contre, il faut que je kiffe ce que je suis en train de construire et que j’y trouve une valeur ajoutée si je veux le tenir sur 20 ans. Avec mes compétences, je pourrais créer certains business, qui marcheraient potentiellement. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir les tenir sur le long terme.
— Laurent : C’est toujours mieux ! On n’est plus comme nos parents, qui ont pu faire des métiers qui ne leur plaisaient pas forcément plus que ça. Certains le font encore, mais on est de plus en plus à la recherche du sens et du kiff.
— Robin : Ce sont finalement deux choses différentes, d’ailleurs.
Pendant longtemps, j’étais à la recherche de la passion. Même si c’est toujours un truc cool, aujourd’hui, je suis plutôt à la recherche du sens, qui ne passe pas forcément d’abord par le plaisir.
Le sens, c’est d’abord sécuriser ma fille, et le kiff devient plus un moyen.
Je sais que si je kiffe ce que je fais, ça va me permettre de continuer sur le long terme.
Quand on est plus jeune, on parle beaucoup de la « crise du sens », et le sens est plus dur à créer. Quand tu as des enfants, ça facilite : le sens s’impose un peu à toi.
Expérimenter pour assurer l’avenir
— Laurent : C’est marrant, je m’attendais à ce que tu me dises un mot comme « expérimentation », parce que je trouve que tu joues, tu expérimentes beaucoup. Mais finalement, ton expérimentation est au service de cette sécurisation.
Tu testes différents modèles, c’est pour trouver celui qui sera le plus durable, qui répondra à toutes tes attentes ?
— Robin : Tout à fait. Avant mes enfants, j’expérimentais pour trouver un truc qui me faisait kiffer et que j’allais pouvoir tenir tout court. Mais c’était plus pour prendre du plaisir, parce que j’aime la sensation de compétence, pouvoir libérer ma créativité…
Aujourd’hui, je suis toujours un peu dans la même démarche, mais il y a un sens plus profond et qui me drive plus : si ça marche, je mets tout le monde à l’abri !
Je ne veux pas pour autant que ça devienne un business purement cynique juste pour nourrir ma famille, je suis incapable de faire ça. J’essaie juste de trouver l’équilibre avec ma passion.
Sinon, je peux me dire : « Je vais trouver un moyen de vendre des scénarios au cinéma hollywoodien. » Je suis largement capable de m’embarquer dans des trucs avec des très faibles chances de réussite. 😅
Ma fille vient m’équilibrer un peu dans mon délire !
Sa chaîne YouTube personnelle : son laboratoire d’expérimentation
— Laurent : Tu as ce travail, notamment pour Stan, ta chaîne Le Royaume, et aussi une autre chaîne qui a changé maintes et maintes fois de nom. 😛
Je ne sais plus quel est le dernier, un truc genre Le Créateur bouillant ?
— Robin : Le Créateur chaud 😉
— Laurent : Le Créateur chaud, c’est ça !
Tu y partages toutes ces réflexions sur la créativité, sur le métier d’acteur aussi. C’est quelque chose qui te travaille beaucoup ?
— Robin : Oui, j’aurais vraiment kiffé faire ce job ! Enfin, je pense que j’aurais aimé parce que j’aime jouer la comédie, mais il n’y a pas que ça dans le job.
Les déplacements, typiquement, ça me fait chier… donc je ne sais pas si j’aurais aimé ! Mais oui, j’en parle un peu.
Cette chaîne, au tout début, je l’avais démarrée après avoir vendu l’escape game, pour lancer mon business en ligne. Je voulais parler de mes compétences en développement commercial, intéresser des gens et vendre du coaching à ceux qui veulent aller plus loin. Après, ça me saoulait, donc j’ai fait évoluer la chaîne.
C’est mon terrain d’expérimentation, cette chaîne ! Elle a changé de nom plein de fois, j’ai fait des essais vidéo où je parle de cinéma, de mon rêve de jouer la comédie et d’écrire de la fiction, j’ai fait des sketches… J’avais fait des podcasts, mais je crois que je les ai enlevés. Il y a tout et n’importe quoi !
Je ne sais pas vraiment où elle va aller, je pense juste que je vais m’en servir comme d’un journal, partager au fur et à mesure mon avancée avec Le Royaume, ce que je traverse dans mon processus créatif, de créateur, c’est-à-dire aussi la partie business, organisationnelle…
Son rêve d’acteur, une passerelle vers Le Royaume
— Laurent : Ça veut dire que cette idée de jouer de la comédie, tu laisses tomber ou… ?
— Robin : Non, c’est juste que j’en suis arrivé à me challenger sur mon désir d’être acteur.
« Bon, tu veux jouer la comédie. Mais là, soyons raisonnable, tu vas avoir une fille, qu’est-ce que tu fais ? Tu vas devenir acteur ? Tu vas bouger à Paris ? »
(Je vis au Pays basque.)
Qu’est-ce qui est vraiment important ? Est-ce que c’est ton ego qui veut devenir acteur jouer pour le cinéma, être reconnu ? Est-ce que c’est autre chose ? Je ne rêve pas du tout de devenir standupper ou acteur de théâtre, répéter la même chose, ça me fait chier.
Moi, ce que j’aime, c’est créer des trucs et jouer la comédie au service d’une création, c’est ça qui me plaisait, en fait. Est-ce que j’ai besoin de devenir acteur à Paris pour ça ? Non. Et je n’ai besoin de personne pour ça.
Je peux lancer ma chaîne YouTube, écrire et jouer dans mes propres sketches ! C’est ce que je fais aujourd’hui sur Le Royaume, avec ses 50 abonnés 🙂
— Laurent : 53, j’ai vu ce matin. 😊
— Robin : Et 200 sur TikTok, attention ! 🤣
— Laurent : D’ailleurs, je mettrai les liens, parce que tu as choisi un nom pas idéal : quand tu tapes « Le Royaume » dans YouTube, tu as plein de chaînes !
— Robin : L’enfer !
Je vais le changer ! Je vais appeler ça Le Royaume vert : c’est facile à retenir et ça sera plus simple à trouver, effectivement.
Donc je fais de l’acting comme ça, pour moi, et petit à petit c’est ce qui me permet de mettre le doigt sur des idées de business qui correspondraient à ce qui m’anime.
Aujourd’hui, grâce au Royaume et au fait de me plonger dans ces univers, je commence à identifier des business qui m’animent.
Tester ses aspirations avec le Sparketype
— Robin : Je fais une parenthèse sur « ce qui anime », car ça peut être intéressant pour ceux qui ne connaissent pas. Il y a un test que j’ai fait, le Sparketype.
On est tous créatifs, on a tous un cerveau, et on peut évidemment tous devenir davantage créatif. Mais ceux qui ont des créativités vraiment trop élevées, tu vois, à un moment, ça devient presque compliqué à gérer.
Ce test, je l’ai trouvé hyper intéressant parce que ça te file un autre modèle mental sur la façon d’appréhender les métiers qui auraient du sens pour toi. Ça t’aide à trouver ce que tu aimes en termes d’activités, quel est le processus qui vraiment t’anime.
Par exemple, il y a les nurterers, qui aiment vraiment s’occuper des autres, et en face, il y a une ribambelle de métiers.
Un de mes deux sparketypes c’était maker, le fait de créer des trucs. Tu peux aussi bien être auteur ou architecte, c’est deux façons de créer des choses. Le cœur, le processus est le même : le besoin de créer.
J’étais aussi performer. Là, tu peux être acteur comme sportif professionnel par exemple.
— Laurent : Performer au sens anglais du terme, dans le sens acting, jeu, comédie.
— Robin : C’est un test gratuit. Ça ne va pas vous révolutionner le truc, mais pour moi, c’était comme une confirmation de plus de mon besoin de créer et de jouer la comédie.
Ils appellent ça les core drivers, tes motivateurs de cœur, profonds.
Pour les gens qui n’auraient pas trouvé exactement quoi faire de leur créativité, une fois que tu as ça en tête et que ça te semble cohérent, ça peut aider à se dire « OK, il faut juste que je fasse une activité, un job, une carrière qui me permette d’utiliser ce core driver ».
Moi typiquement, c’est de créer des trucs et de performer. Du moment que je fais ça, ça va, je me sens bien.
Vivre de sa créativité
— Laurent :
On a parlé du fait de vivre de sa création, ça passe notamment par le travail en freelance.
Quel modèle économique ?
— Laurent : Est-ce que tu as déjà envisagé d’aller sur des plateformes type Onlyfans ou Mym ?
Elles sont certes très connotées contenus pornographiques mais à la base, elles sont dédiées à des créateurs en leur permettant d’être rémunérés pour leurs créations.
Ça peut aussi être Patreon, par exemple, enfin, ce genre de plateformes qui te permettent de monétiser tes créations.
— Robin : Je l’ai envisagé pour plus tard. Sur Le Créateur chaud, j’ai 1 500 abonnés, c’est une chaîne où il ne se passe plus grand-chose.
Le Royaume, je viens de le lancer. Peut-être que je me trompe, mais pour moi, ça n’a pas de sens pour l’instant.
J’ai un peu le cul entre deux chaises en ce moment, je suis encore en réflexion.
Est-ce que je me développe en créateur solo, qui crée et trouve un moyen de se rémunérer à son échelle d’indépendant ? Est-ce que je fais un business autour d’activités créatives ?
Si je reste simplement créateur, probablement que je partirais sur Patreon, notamment parce que j’ai pas mal d’affection pour le créateur, Jack Conte. Il est lui-même artiste, musicien, hyper intéressant, passionné… Ça renforce l’idée d’avoir une audience, de partager ses valeurs.
Si je pars sur un business, c’est quasiment sûr qu’il n’y aura pas de Patreon ou d’Onlyfans. Je proposerais une autre valeur aux gens, et s’ils veulent acheter, c’est comme ça que je me rémunèrerais.
Les mauvais conseils
— Laurent : Depuis que tu as retrouvé ta créativité, tu as dû entendre plein de conseils, soit dans des vidéos, soit par des gens… C’est quoi le pire conseil qu’on t’ait donné, ou que tu as entendu dans une vidéo, et pourquoi tu l’as trouvé mauvais ?
— Robin : Ce n’est pas facile, ça, parce que des conseils de merde, on entend, quand même ! 😆
Des conseils vraiment liés à la créativité ou au processus, au fait de se lancer ?
— Laurent : Un conseil que quelqu’un t’a donné à toi, oui, peut-être pour te lancer ? Que tu as trouvé vraiment pourri, ou au contraire, que tu as trouvé bon sur le coup mais qui s’est révélé être une idée foireuse.
— Robin : Intéressant ! Une entrepreneuse m’avait dit : « Il faut te lancer à 100 % sur ton projet, ton idée, le plus vite possible, ne faire que ça… »
J’ai vraiment été tout feu tout flamme, à un moment. Je prenais les pires risques possibles. Ça, je pense que ce n’est pas un bon conseil.
Il y a eu toute une mouvance « il faut prendre des risques, y aller à fond, croire en ton projet ». Au contraire, je pense qu’il faut la jouer un peu en mode lean start-up, de manière presque scientifique : tester les choses petit à petit et ne pas prendre de risques absurdes.
Les trucs un peu trop perchés, aussi, sur la loi de l’attraction… C’est bien d’avoir un esprit positif, mais je pense qu’il y a pas mal de bullshit dans le milieu, dans le développement personnel, c’est quand même pas mal des conseils de merde.
Sur la partie créative, je trouve que souvent, il faut se méfier des conseils un peu trop tranchés. Il y en a qui vont te dire : « Il faut faire uniquement des choses qui marchent pour le public », je prends du recul par rapport à ça. D’autres, à l’inverse, disent : « Il faut oublier le public, créer ce que toi tu veux créer. » Ça, c’est le bon moyen d’être l’artiste incompris.
L’approche scientifique : une prudence nécessaire
Il y a un équilibre à trouver, et j’en reviens à cette approche lean start-up. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une approche pour créer, pas forcément une start-up, ça peut être une petite boîte, une œuvre… L’idée, c’est de créer par essai/erreur, d’y aller doucement, de tester, de prendre du recul, d’y aller petit pas par petit pas.
Ça me semble important, notamment pour les gens créatifs qui mettent beaucoup d’eux-mêmes, un peu de leur ego et de leur estime d’eux-mêmes, dans leurs créations. Avoir cette approche un peu scientifique permet de prendre du recul sur le succès ou l’échec de tes créations.
Ça, pour la peine, c’est un bon conseil !
J’ai un pote, par exemple, hyper perfectionniste, qui fait des trucs de fou. Par contre, quand ça ne marche pas, ce qui arrive hein ;), ou que ça marche moyen par rapport à l’intensité qu’il y a mis, ça lui met des énormes coups derrière la nuque, il est déprimé pendant hyper longtemps… Là, il y a un danger, parce que ça veut dire que tu mets trop tout ton ego, tu es un peu trop all-in dans le truc.
Trouver l’équilibre pour faire baisser la pression
— Robin : Par contre, j’ai un autre pote qui est artiste peintre, qui vit très bien de la peinture et qui, pourtant, continue à garder des activités plus traditionnelles à côté.
Tout à l’heure, je te disais que j’avais l’impression d’être dans les deux extrêmes d’extraversion et introversion ? Lui, je crois qu’il est encore pire que ça : il passe des heures et des journées à peindre des énormes toiles, il ne voit personne…
Et à côté de ça, il va ouvrir des bars éphémères à Biarritz où il va se faire défoncer ! C’est une région touristique, donc il va bosser comme un dingue pendant 4 mois au contact des gens, il met des ambiances de fou, il est hyper drôle…
À un moment, il a testé la possibilité de se dédier à son art. Au bout de 6 mois, il m’a dit « Ça me fait péter un plomb, je ne veux plus faire ça. Je ne veux pas que toute mon activité, tous mes revenus dépendent de ma peinture. Ça m’écœure presque de la peinture, que toute la pression vienne de là. » Maintenant, il est vraiment OK avec l’idée d’avoir un job un peu classique. Il n’en a pas besoin, mais ça lui donne un équilibre.
Ça a été game changer pour moi. J’ai compris que, plutôt que de vouloir toujours faire all-in dans mes projets, c’est OK, voire appréciable, d’avoir un truc un peu alimentaire à côté, d’avoir cet équilibre.
Que signifie « travailler dur » ?
— Laurent : Tu as dit plusieurs choses sur lesquelles j’ai envie de rebondir.
La première, c’était sur les conseils un peu vaseux du type « il faut que ça plaise au public. » Ce n’est pas forcément quantifiable, « plaire au public », on ne sait pas ce que ça veut dire.
Ça m’a fait penser à une vidéo que tu as publiée, dans laquelle tu analyses une interview de Matt Damon. Un de ses conseils, c’était de « travailler dur », et tu disais « Travailler dur, ça veut dire quoi, en fait ? Pour quoi faire ? Pour passer des castings ? Se lever à 4 h du matin, et faire quoi ? 🙂 »
Ça veut tout et rien dire, c’est tellement vague qu’on ne peut pas forcément l’appliquer…
— Robin : Effectivement, ça, c’est le conseil que tu entends partout. Il faut bosser, c’est vrai, mais en réalité, tout le monde essaie de bosser.
Il y a une part de chance qu’il ne faut pas oublier, et aussi une part de stratégie : sur quoi tu bosses ? Suivant le cœur de ta création et ce que tu veux faire, il ne faudra pas bosser sur les mêmes choses, ce n’est pas simplement produire, pour moi.
Son rapport aux stats YouTube
— Laurent : Une autre question m’est venue en t’écoutant : comment tu gères les stats de tes vidéos ?
Tu parlais de ta chaîne qui a 53 abonnés. Quand on dit ça comme ça, ça peut paraître petit, ça peut paraître minable, mais en fait, tu débutes.
— Robin : Oui, sur cette chaîne, à 100 %.
— Laurent : Tu es quand même sur un truc très « de niche », puisque tu es dans ton délire, et pas sur un truc hyper généraliste. Donc si les gens ne le partagent pas, forcément, ça ne les touche pas.
Est-ce que tu regardes un peu tes stats ? Est-ce que tu les analyses ? Quel est ton sentiment par rapport à ça ?
— Robin : Quand je sors une vidéo, je regarde les deux premiers jours, si ça prend ou pas. Après, je ne suis pas un obsédé de ça ! Pour l’instant, la chaîne est petite, donc ça n’aurait aucun sens de passer trop de temps dessus.
Quand on sort une vidéo sur Marketing Mania, où on a presque 500 000 abonnés, les stats sont significatives. Sur ma chaîne, elles ne le sont pas du tout, la chaîne est morte.
Je sais un peu comment ça fonctionne, je côtoie tellement de youtubeurs maintenant. Au début, surtout en ce moment où YouTube n’est pas méga en forme, il y a une inertie. Tout le monde ne l’a pas, il y a des explosions soudaines de certains youtubeurs. Je savais qu’en faisant des sketches sur Sauron et God of War, ça n’allait pas exploser dès la première vidéo.
Rationnellement, je sais que pendant un an, il ne va pas se passer grand-chose. Mais je suis quelqu’un d’impatient et ma part émotionnelle est en mode « on ne sait jamais, ça peut prendre à tout moment ! » 😊
Donc j’essaie de réfréner mon impatience, de jongler entre les deux.
Garder les pieds sur terre : la créativité au service de l’impératif économique
— Laurent : Sur cette chaîne, contrairement à ce que tu écris pour Stan, tu crées d’abord pour toi, c’est ton délire personnel…
— Robin : C’est mon délire mais je t’avoue que depuis le début, je le fais en me disant que je veux en faire quelque chose.
Vu ma situation, j’ai besoin de générer certains revenus. Aujourd’hui, on vit au Pays basque, où la vie est quand même chère. J’ai des dettes : quand j’ai lancé la société pour vendre des formations en ligne, j’ai voulu accélérer au début et j’ai fait un crédit, une erreur absurde ! J’ai claqué plein d’argent pour aller dans un sens et je n’ai pas poursuivi.
Donc quand je prends du temps pour faire un projet perso, aujourd’hui, ce n’est pas « pour me détendre ». C’est ma créativité, je libère mon truc, mais pas juste pour mon plaisir. Je le fais dans l’idée de construire un truc qui pourra bénéficier à ma famille.
J’essaie encore une fois d’associer le besoin de créer et celui de pouvoir en tirer quelque chose.
C’est pour ça que j’ai Le Royaume. À la base, j’ai toute une histoire en backup, avec de la politique et beaucoup d’humour, un peu à la Kaamelott. Tout ça, je veux en faire un univers dont je veux tirer un business. Ça peut être un business de média, où je trouve des sponsors, des opés, et je génère de l’argent comme ça. Mais ça peut être aussi être un business type jeu de société, lié à l’univers du Royaume…
Son rapport au perfectionnisme
— Laurent : Tout à l’heure, tu parlais de ton ami ultra-perfectionniste. Comment tu juges la qualité de ton travail ? À quel moment tu te dis : « OK, je publie. » ?
— Robin : Je suis plus beaucoup plus léger là-dessus, je pense même que parfois, je manque de perfectionnisme.
Comme je fais des sketches, j’ai l’impression que leur valeur repose sur l’écriture et le jeu d’acteur. Le montage, les décors, ce n’est pas que je m’en fous, mais ce n’est pas ce sur quoi je vais passer le plus de temps. De manière générale, j’ai quand même une facilité à délivrer vite.
Là, je me suis mis en pause pendant les vacances, mais depuis octobre, j’arrivais à faire une ou deux vidéos courtes par semaine. Si j’arrive à tenir ce rythme, c’est parce que je ne suis pas si perfectionniste.
Enfin, ce n’est pas que je ne le suis pas, c’est plutôt que si j’écoute mon perfectionnisme, ça m’écrase. Mon pote en question, ça ne l’écrase pas, au contraire : il va peaufiner son travail.
Moi, si je tombe dedans, sur certains aspects, je ne vais pas avoir confiance en ma capacité à y arriver, à délivrer. Je vais m’écœurer et laisser tomber. C’est pour ça que souvent, j’ai tendance à shiper vite pour ne pas me laisser écraser par le perfectionnisme.
Les trois questions de la fin
— Laurent : On arrive tout doucement à la fin de l’interview, ça fait déjà plus d’une heure qu’on discute ensemble ! C ‘est hyper riche, hyper intéressant, et je pense qu’on pourrait encore discuter pendant des heures 🙂
Pour conclure la conversation, j’ai trois petites questions.
Ses conseils pour renouer avec sa créativité
— Laurent : Quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui, un peu comme toi, a refoulé sa créativité par choix ou par pression sociale, et qui aimerait la retrouver, se lancer dans un projet créatif, pour finalement trouver le courage de révéler sa créativité ?
Affronter ses émotions
— Robin : Le courage va être au cœur de la réponse.
Parce que je pense que la première étape ça serait de trouver le courage de ne pas fuir l’introspection, de prendre le temps de réfléchir vraiment à pourquoi tu refoules cette créativité. Est-ce que tu estimes que c’est la faute d’autres personnes ?
In fine, tôt ou tard, tu vas te rendre compte que c’est toi qui a refoulé ta créativité. On ne t’a pas enfermé en prison parce que tu voulais être créatif, c’est toi qui a pris la décision.
J’invite les gens à vraiment creuser ça. Quand je dis « ne pas fuir l’introspection », ce n’est pas simplement y penser pendant 5 minutes.
Un bon exercice pour ça, c’est de s’isoler, prendre un cahier – enfin on peut le faire sur son ordi, mais moi j’aime bien le cahier avec un stylo – et d’écrire sa pensée.
Pas besoin d’être structuré, tu vides ton esprit : Pourquoi j’ai fait ça ? Est-ce que j’ai fait ça ? Ça me rappelle un souvenir… Tu écris tout ce qui te passe par la tête, c’est un bon moyen de libérer. Tu confrontes le pourquoi.
L’étape d’après, c’est d’arriver à te redonner l’énergie, à trouver le courage.
Parfois, tu trouves le courage en piquant ton ego. Moi, par exemple, étant fasciné par l’esprit guerrier, les sports de combat, parfois, je peux retrouver le courage en me disant « Oh, tu vas vraiment faire le peureux, là ? ».
C’est con, pourtant, avec moi, ça marche. Mais c’est intime, chacun aura ses leviers de courage.
Un bon moyen, c’est de te redonner une vision, d’essayer d’imaginer : si je libérais ma créativité, comment serait ma vie ? Tu peux essayer de visualiser ça, ce que tu pourrais faire grâce à ta créativité. Est-ce que tu te sentirais mieux ? Qu’est-ce que ça peut t’apporter ?
Si tu hésites encore à passer à l’action, essaie juste de définir une première chose que tu peux faire pour commencer à te libérer.
Quel est le premier truc avec lequel tu es à l’aise ? Est-ce que tu as une bonne raison de ne pas faire ce premier truc ?
Par exemple, si tu aimes la peinture ou le dessin et que tu as même arrêté de gribouiller sur tes cahiers, est-ce que tu ne peux pas recommencer à gribouiller sur tes cahiers ? Ou est-ce que tu peux acheter une petite toile, un carnet ? La première étape, parfois, c’est aussi simple que ça.
À chaque fois, tout au long du parcours de création, il y aura de nouveaux challenges. J’ai parlé plusieurs fois d’introspection durant notre échange, de prendre l’habitude de ne pas subir ses émotions, mais de toujours s’y confronter.
« Ah ! Ça y est, j’ai bien avancé, j’ai fait ma première peinture ! Au fond de moi, ça me fait rêver d’exposer mais je suis terrifié. »
Plutôt que de ranger cette émotion dans un placard, de ne jamais confronter cette peur, tu reprends le même processus d’introspection. Pourquoi j’ai peur ? Est-ce que ça serait si terrible ? Est-ce que je pourrais commencer par une étape intermédiaire ? Tu questionnes tes propres émotions.
Pour les gens un peu sensibles et créatifs, je pense que c’est important d’arriver à gérer et challenger ses émotions. Combien de gens animés par la création vont laisser leurs émotions, leurs propres insécurités les écraser et finalement, ne jamais se libérer ?
C’est cool de lire du développement personnel et tout, mais pour moi, l’introspection, le fait de s’auto challenger, de se questionner, c’est primordial.
Et d’ailleurs, je dois encore achever une réflexion. Je te disais tout à l’heure que j’avais peur de lancer le business. Je sais que c’est parce qu’il y a encore des questions que je n’ai pas levées dans ma tête. J’ai recommencé à écrire sur mon fameux cahier, et là, je dois finir, je dois repasser une heure à écrire pour achever ma réflexion et prendre la décision, me dire : « Allez, on le fait ! »
Bien s’entourer
— Laurent : C’est un travail d’introspection que tu as fait seul ou tu t’es fait accompagner par un coach ou un psy ? Parce que ça peut aider aussi, quand tu as du mal ?
— Robin : Les deux ! J’ai déjà eu des coachs, j’ai vu un psy à l’époque où je ne dormais plus. Là, c’était plus pour apprendre à gérer l’anxiété qui me gagnait le soir.
Aujourd’hui, finalement, c’est surtout par l’introspection et le fait d’en parler avec des amis.
J’ai plusieurs Masterminds d’amis entrepreneurs créateurs, dont un qui se réunit régulièrement depuis bientôt 5 ans. Avec eux, c’est énorme : comme ils me connaissent, ils connaissent mes patterns, les trucs récurrents, les boucles dans lesquelles je tombe, les comportements que je reproduis. Ils me mettent des alertes quand je commence à partir un peu en live, parce que ça m’arrive régulièrement. Ils me disent « Mec, t’es peut-être en train de repartir en cacahuètes ! »
Jusqu’à présent, les coachs que j’ai eus ont parfois été des facilitateurs, mais ça n’a jamais été révolutionnaire. Je n’ai jamais claqué des montants astronomiques non plus, peut-être qu’il y a des coachs excellents, qui coûtent cher, mais avec qui je n’ai jamais bossé.
C’est plus à travers l’expérience que les choses se font, je trouve.
— Laurent : Ce que je trouve intéressant dans l’introspection, c’est justement de la confronter et d’en discuter avec d’autres personnes. Si tu gardes tout pour toi, tu ressasses toujours un peu les mêmes choses.
En parler, quelquefois, ça te donne des perspectives différentes, pas forcément les clés, mais des pistes à explorer.
— Robin : Complétement ! Et puis, les gens te challengent… C’est plus simple, en parlant avec des gens.
Son mot préféré de la langue française
— Laurent : La deuxième question, avant de terminer, peut paraître anodine, mais elle en dit généralement long sur la personne : quel est ton mot préféré de la langue française ?
— Robin : Spontanément, le premier truc qui m’est venu quand tu m’as envoyé la question, c’était « Imagine ».
Comme je le disais, avec mes potes, c’est un mot qu’on emploie tout le temps. « Imagine, le gars, il fait ça… »
C’est un mot qui me ressemble bien pour le « délire », et parce qu’il donne du courage et de l’espoir. C’est un truc qui m’habite pas mal ça.
Souvent, j’ai tendance à dire aux gens :
« Imagine, ça marche ? Imagine, tu peux faire ça ? »
C’est différent de « Crois en tes rêves, tout est possible. » Non, peut-être que ça ne va pas marcher, que tu vas te gaufrer comme une merde, hein ! Mais imagine que ça marche, ça serait cool ! Maintenant, réfléchis à comment tu peux tester.
J’ai un pote qui était militaire, mais genre infanterie, pas quelqu’un qui avait fait des études. Il y a des années, il arrivait à la fin de son contrat, il ne savait pas ce qu’il allait faire après.
Au cours d’une soirée, on a parlé longtemps et on est partis sur « imagine, tu peux faire ce que tu veux, tu es sûr de réussir, tu fais quoi ? » Au bout d’un moment, en creusant, il me dit « En fait, je t’avoue que mon rêve à moi, ça aurait été d’être pilote d’avion. » Et je lui ai demandé : « Du coup, ce n’est pas possible ? » Il n’avait plus 18 ans, il avait déjà passé quelques années dans l’armée, il m’a répondu : « Je ne sais pas. »
Je l’ai lancé sur : « Mais imagine, si tu étais pilote ? » On est parti dans un truc comme ça. Je te fais un raccourci : il a repris ses études et aujourd’hui il est pilote d’avion, à 35 ans passés ! C’est quand même extraordinaire pour lui, et du coup pour moi, parce que tout part d’une discussion où on s’est permis d’imaginer ce qui pouvait arriver.
— Laurent : Un chouette mot, effectivement !
— Robin : Ou « manger » ? Mais ça sera peut-être moins inspirant. 😂
— Laurent : Tu peux imaginer que tu manges ! 😄
On va conclure avec cette dernière question et après, tu pourras aller manger, si tu veux. 😉
Ses coups de cœur créatifs
— Laurent : J’aime toujours demander à mes invités une recommandation : quel·le créateur ou créatrice, idéalement en dehors de ton domaine, aimes-tu et souhaiterais-tu mettre en avant ?
— Robin : Est-ce que c’est OK si je t’en file 2 ?
— Laurent : Ah oui, vas-y !
— Robin : Il y a mon pote Mehdi Allani, qui était monteur chez Marketing Mania, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés.
Il ne bosse plus avec Stan, mais ça fait peut-être un an ou deux qu’on s’écrit quasiment tous les jours, justement pour partager sur la créativité. Il a une chaîne à son nom et il fait des vidéos où il creuse l’Histoire des drogues, par exemple…
Là, il est en train de faire une vidéo sur l’Histoire de Marseille, il a fait une vidéo sur l’Histoire de la cocaïne…
— Laurent : Ah, je crois que je l’ai vu passer. Tu as dû le partager à un moment donné, ça me parle !
— Robin : C’est super intéressant ! J’aime bien partager son travail parce qu’il fait partie de mes potes perfectionnistes.
Il m’inspire, il m’aide à élever mon niveau, il est hyper exigeant avec lui-même et du coup avec ses potes. Quand tu lui montres un truc et que c’est de la merde, il va vite te le dire ! C’est un mec qui mérite d’être connu et je pense qu’il va faire de grandes choses, sur la vidéo.
Et il y a un gars plus connu, un humoriste qui s’appelle Benjamin Tranié. Il me fait mourir de rire, je le trouve hilarant. Il est assez différent de ce qui se fait en ce moment, il crée plein de personnages. Aujourd’hui, les humoristes, ce sont surtout des mecs qui parlent au public et qui racontent un peu leur life.
Lui, il crée des personnages. Il a notamment le personnage du beauf, très, très grossier, qui me tue de rire. Je trouve qu’il mérite vraiment d’être connu parce que pour moi, il sort du lot de ce qui se fait actuellement. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est moins connu que plein d’autres, mais je pense que c’est aussi ce qui fait qu’à un moment, il va y avoir une bascule et qu’il va exploser.
— Laurent : Merci pour ces recommandations !
Conclusion
— Laurent : Si on veut te retrouver, c’est quoi le plus simple ?
— Robin : Ça dépend pourquoi.
Si les gens veulent regarder mon travail, qu’ils aillent voir Le Royaume ou Marketing Mania, pour les quelques vidéos que j’ai écrites.
Et pour me contacter, le plus simple, c’est directement sur LinkedIn.
— Laurent : Merci beaucoup, Robin, c’était chouette !
Peut-être qu’on se retrouvera dans quelques années, quand tu auras trouvé ton business durable. 😆
— Robin : Exactement, et que je te dirai : voilà les 4 étapes pour devenir le nouveau Disney ! 😂
— Laurent : Je te le souhaite !
— Robin : Merci beaucoup à toi, en tout cas, c’était un plaisir.
Merci pour ton écoute et tes questions hyper pertinentes. On ne m’avait jamais posé ces questions-là. Merci pour ton travail !
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