Peut-on (et doit-on) planifier sa créativité ?
Réserve Créative #04 – août 2025
Hello,
Tu l’auras peut-être remarqué, je n’ai pas envoyé de newsletters depuis avril.
Ayant du travail pour mes clients, j’ai priorisé le travail rémunéré et de remettre le travail hobby à plus tard.
Tu t’en doutes, ce plus tard n’est jamais venu… et je n’ai pas envoyé la newsletter de mai. Ni celles de juin et de juillet.
Cette expérience m’a amené à m’interroger :
Doit-on planifier sa créativité ?
Est-il préférable de se laisser porter par elle ?
J’ai plutôt tendance à penser que oui, mais n’ayant pas d’avis arrêté sur la question, je te partage mes arguments pour et contre :
Oui, il faut planifier sa créativité
→ Pour que notre créativité s’exprime, il faut lui laisser l’espace nécessaire. Le meilleur moyen d’y arriver : se bloquer du temps, à l’abri des urgences du quotidien.
→ Planifier des séances de créativité permet de mieux les cadrer. Si tu sais que tu n’as qu’une heure devant toi, tu vas essayer d’en tirer profit au maximum. Même si tu ne termines pas ta création, elle sera commencée et tu auras déjà fait le plus dur !
Pour mes clients, c’est facile, j’ai une deadline et les exigences en termes de créativité sont moindres (pour info/rappel, je suis rédacteur web). Je suis donc obligé de planifier mes sessions d’écriture et de m’y tenir.
Pour Réserve Créative c’est différent. Comme j’ai du temps, je procrastine et papillonne. Je suis particulièrement sujet à la loi de Parkinson : « le travail s’étend de manière à remplir le temps disponible pour son achèvement ».
Le plus dur est donc de me mettre au travail.
Quand j’arrive à me mettre au travail, voici comment je m’y prends pour être le plus efficace possible :
- Je mets de la musique instrumentale dans un casque, pour ne pas être perturbé par les paroles. Le casque est important car il aide à m’isoler des perturbations extérieures. Je n’ai pas du tout la même concentration avec ou sans casque.
- Si j’ai besoin d’être boosté en plus d’être concentré, j’opte pour des musiques plus rythmées et en live. Iron Maiden (album Rock in Rio, 2002), Blur (album Live at Hyde Park, 2009) et Metallica (album S&M, 1999) sont mes valeurs sûres.
- Je coupe les distractions comme les réseaux sociaux, Slack/Discord ou les mails. Pour cela, j’utilise le bloqueur Cold Turkey, qui est particulièrement puissant.
J’aimerais couper complètement Internet, mais j’en ai besoin pour mes recherches. - J’utilise un logiciel de traitement de texte au format Markdown qui, à l’inverse de Word ou Google Doc, permet de se concentrer sur le fond et non sur la forme.
Non, il faut se laisser guider par l’inspiration
→ La planification ne permet pas de saisir l’inspiration quand elle vient.
Il paraît que c’était le cas de Prince, qui laissait tout tomber dès qu’il avait une idée. Peu importe qu’il soit en train de diner avec des amis ou de se laver les dents.
Cette vision part du principe qu’une idée disparaît si elle n’est pas exploitée tout de suite.
J’ai un peu de mal à défendre cet argument :
- il implique qu’on est esclave de notre inspiration ;
- toutes les idées n’ont pas besoin d’être exploitées, il faut savoir faire le tri ;
- on peut très bien noter son idée dans un coin, la laisser mûrir et y revenir plus tard.
Qu’en penses-tu ?
Tu es plutôt team spontanéité ou planification ?
Et si l’idéal n’était pas de savoir jongler entre les deux ?
Anecdote créative
La créativité s’exprime de bien des façons, y compris dans la contestation et la provocation.
En 1992, fort du succès de son album Nevermind, Nirvana se produit devant plus de 60 000 personnes dans un stade de Buenos Aires.
La première partie est assurée par Calamity Jane, un groupe de grunge exclusivement féminin choisi par Nirvana.
Le public, impatient de voir Nirvana, s’en prend au groupe : huées, jet de pierres ou de boue, insultes sexistes… Les membres du groupe finissent par quitter la scène en pleurs.
Choqué par ce comportement misogyne, Nirvana hésite à annuler le concert. Kurt Cobain aurait même envisagé de s’immoler par le feu, en signe de protestation ultime.
À la place, ils décident de le saboter :
- Ils ignorent le public et ne jouent que pour eux, pour se faire plaisir.
- À plusieurs reprises, ils trollent le public en jouant l’intro de Smells Like Teen Spirit avant de s’arrêter. (Pour remettre dans le contexte, c’était leur chanson phare de l’époque et la plus attendue par le public.)
- Les premières paroles de Come as you are sont remplacées par des « hey hey ».
- Quand ils n’improvisent pas, ils jouent des chansons inconnues du public ou des chansons qui ne sont pas encore sorties (comme All Apologies qui ne sortira qu’en 1993).
Ironie de l’histoire, ce concert est considéré comme un des meilleurs du groupe et a renforcé son image de groupe intransigeant avec ses valeurs.
Le concert intégral :
Rendez-vous le mois prochain,
(j’ai déjà planifié ma prochaine session d’écriture 😄)
Laurent
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