Les dessins animés : représentations ultimes de la créativité ?
Réserve Créative #03 – avril 2025
Hello,
J’ai une confession à te faire : j’ai 40 ans et j’adore les dessins animés pour enfants.
Je ne parle pas des grosses productions Disney ou Pixar, mais plutôt de ceux, plus artisanaux, qui passent sur France 4 ou Gulli. À mes yeux, ils symbolisent parfaitement ce que devrait être la créativité : un espace sans limites, où tout est possible, même le plus improbable.
Récemment, profitant d’un dimanche sous la pluie pour glandouiller devant la télé, je suis tombé sur un épisode du dessin animé Zig et Sharko.
Ce dessin animé représente tout ce que j’aime dans ce genre :
- Un pitch complètement improbable : Zig, une hyène affamée, cherche à tout prix à croquer Marina, une insouciante sirène, avec l’aide de Bernie, un bernard-l’hermite génie du bricolage. Dans l’exécution de ses plans, toujours plus farfelus, il se heurte à Sharko, un requin baraqué, fan de tennis de table, qui fait tout pour protéger Marina.
- Un style d’humour universel : le slapstick, une composante majeure du burlesque qui implique une part de violence physique tellement exagérée qu’elle ne peut qu’être risible.
- Un monde où tout est possible et où chaque génération verra quelque chose de différent.
C’est ce dernier point qui m’intéresse particulièrement dans les dessins animés (surtout ceux pour enfants).
Où, ailleurs que dans ces univers, peut-on croiser :
- Une sirène, un requin et une hyène se lancer dans une course effrénée sur un toboggan ?
- Deux enfants, Oscar et Malika, à qui il arrive des aventures toujours plus fantastiques sur le chemin de l’école ?
- Un calamar se faire enseigner le karaté par un écureuil ?
- Un ours qui s’installe dans un chalet et qui se voit contester son habitat par une bande de lemmings complètement déjantés ?
Je pourrais continuer la liste pendant des heures.
À l’inverse des animés japonais où on voit le personnage principal évoluer au fil des épisodes, dans ces dessins animés, c’est le procédé qui est mis en avant, pas les résultats. Chaque épisode est alors un éternel recommencement : on sait que les Dalton vont essayer de s’échapper de leur pénitencier (et échouer), mais on ne sait pas comment. C’est ce comment qui est systématiquement inattendu, créatif et souvent très drôle.
Cette liberté créative, on la doit avant tout au format. Tant qu’une idée peut être dessinée et animée, elle peut être exploitée. Il n’y a donc quasiment aucune limite à la créativité des scénaristes et animateurs.
Vive les dessins animés pour enfants !
Et toi, c’est quoi ton péché mignon créatif ?
Le coup de cœur créatif du mois :
On dit souvent que la créativité, c’est associer deux idées qui n’ont, a priori, aucun lien entre elles.
Le compte Art but make it sport (Bluesky, Instagram, Twitter…) illustre parfaitement cette définition.
Le principe de ce compte est très simple : associer des œuvres d’art à des photos de moments sportifs (ou vice versa).
Exemples :
C’est simple et efficace, encore fallait-il y penser !
Nourriture créative :
Chaque mois, je te fais découvrir des ressources créatives, inspirantes, insolites… :
- BeauxArts se demande qui a inventé les musées, mais aussi comment les œuvres y arrivent.
- Le Ghibli Effect, qui fait chauffer les serveurs de ChatGPT pose de sérieuses questions de droit d’auteur et de plagIAt. Surtout, cela permet à OpenAI de récupérer des milliers (millions ?) de photos de visages humains, donnés librement par les utilisateurs.
- Vol de propriété intellectuelle toujours : Meta reconnait avoir téléchargé des millions de livres illégalement, mais plaide le fair use, une notion américaine qui permet de contourner le droit d’auteur à des fins de recherche et de pédagogie. Plus c’est gros…
- Fouapa, un street artist lyonnais que j’avais reçu sur le podcast (épisode 24) explique sur Instagram comment il fixe le prix de ses œuvres grâce à la notion d’effort consenti.
- Être créatif n’exclut pas d’être stupide. Marco Evaristti, un « artiste » plasticien danois, avait prévu de laisser mourir de faim trois porcelets dans une cage. Son objectif : alerter sur la souffrance animale, partant du principe que de toute façon ces porcelets allaient mourir. Heureusement, les porcelets ont été sauvés. Est-ce que laisser mourir des animaux, c’est de l’art ? Qu’en penses-tu {PR__NOM} ?
Lecture créative du moment :
En attendant le retour du podcast Réserve Créative (un jour peut-être…), je te recommande le podcast « Et le scénario ».
Créé par la Cité européenne des scénaristes, il questionne le regard que portent sur le scénario les différents corps du métier de la production audiovisuelle : réalisateurs, cascadeurs, équipe de maquillage ou de décoration, critiques…
C’est intéressant de voir comment un même document peut avoir des dizaines de grilles de lecture différentes. Ce podcast est aussi une mise en lumière du métier – peu reconnu – de scénariste.
Si tu aimes le monde du cinéma et ses coulisses, ce podcast est pour toi !
Rendez-vous le mois prochain,
Laurent
Cet article peut contenir des liens affiliés.
Ces derniers n’influent pas sur la qualité du contenu ni sur la ligne éditoriale de ce site. Ils m’aident simplement à le faire vivre et à le développer. Ils sont identifiés par un astérisque ou par un traitement visuel spécifique. En savoir plus.